J’ai participé ce soir à la première soirée du French Scrum User Group organisée à Paris. Avec 282 membres inscrits, 130 personnes présentes ce soir malgré les perturbations dans les transports, et surtout la présence de Jeff Sutherland, le contrat est rempli. Comme vu avec Claude Aubry, je mets sous presse dès ce soir un billet sur la soirée afin que, vous lecteur, puissiez lire dès demain vendredi ce petit compte-rendu. Alors allons-y !
Luc Legardeur, le fondateur du French Scrum User Group, prend la parole afin de présenter dans un premier temps les objectifs du French SUG. C’est un groupe d’utilisateurs de Scrum ouvert à tous et gratuit, que vous pouvez rejoindre si vous vous intéressez à Scrum. Son rôle est de promouvoir la méthode Scrum en France, d’être le média de communication sur Scrum et l’Agilité. Luc rappelle qu’il s’agit d’une association loi 1901, et ce afin de pouvoir collecter des fonds de la part des sponsors afin de couvrir les frais de fonctionnement.
Les sponsors de la soirée ce soir sont Borland, avec la présence de David Wilby, ainsi que les sponsors du SUG : Xebia, Zenika, Microsoft et Valtech.
Si vous souhaitez vous inscrire et participer au prochain événement, vous pouvez vous inscrire sur le site MeetUp du French SUG.
Jeff Sutherland prend ensuite la parole, afin de nous donner tout d’abord un aperçu de l’adoption de Scrum dans le monde et en France. Il existe à ce jour 18 Scrum user group aux USA, 18 en Europe, 8 dans la partie Asie, Afrique, Océanie et Moyen-Orient. Le groupe français est semble-t-il le plus important en nombre de personnes inscrites. La présentation de Jeff est un moment très sympathique, il parle de cas d’utilisation de Scrum sur des projets classiques mais aussi dans des aventures moins classiques comme la conduite d’une Eglise avec Scrum par la Révérente Sutherland, son épouse présente dans la salle… Il parle ensuite du dernier événement qui s’est déroulé en Floride : The Orlando Scrum Gathering 2009. Il s’agit d’un événement qui s’est déroulé début mars visant à réunir la crème de la communauté Agile et Scrum afin de discuter pendant 2 jours sur Scrum. J’ai noté un détail très important : la présence de Gregory Balestrero, le President & CEO de PMI (Project Managment Institute). C’est une association à but non lucratif qui propose depuis 1969 une méthode de gestion de projet certifiante. C’est l’une des méthodes les plus connues, surtout de l’autre côté de l’Atlantique. Jeff Sutherland explique que la communauté Scrum travaille main dans la main avec la communauté PMI afin de réfléchir à l’utilisation de principes Agiles dans PMI. Plus tard dans la soirée, Eric Mignot explique aussi qu’il va aller à la rencontrer de la communauté PMI(wikipedia) afin de travailler et voir comment Scrum et PMI peuvent fonctionner ensemble.
Jeff dans la deuxième partie de sa présentation couvre aussi l’effet Scrum. Que se passe-t-il une fois que Scrum a été mis en place ? Il prend alors pour exemple le film Matrix, où Neo a le choix entre la pillule bleu et la pillule rouge. Jeff, pour la petite histoire tu m’as piqué l’idée. J’ai écrit le 24 mars 2007 un article avec la pillule bleu et la pillule rouge !
La pillule bleu permet de se réveiller après avoir rêvé. Vous mettez Scrum en place, cela commence à fonctionner. Votre manager vous demande cependant de ne pas utiliser tout Scrum, de faire des Sprints à durée variable… Vous venez de prendre la pillule bleu et très bientôt votre projet va redevenir ce qu’il était avant Scrum.
De l’autre côté vous avez la pillule rouge. Celle-ci si vous la prenez aura un effet hallucinogène sur votre projet. Pour ma part je disais que Scrum avait l’effet d’un pétard : il soulève brutalement votre client pour construire rapidement un produit, tout en apportant aussi un effet euphorisant à votre équipe. Le double effet pétard.
Le message que Jeff Sutherland veut faire passer c’est que Scrum est simple, facile à comprendre. Sa mise en place par contre demande beaucoup de travail, de la volonté et de l’engagement. L’effet et le résultat de la gestion d’un projet avec Scrum sera visible très rapidement. Donnez un peu de responsabilité à l’équipe, organisez une liste triée par priorité de développement à effectuer. Ne changez pas le planning toutes les semaines. Acceptez que ce soit l’équipe qui vous donne une estimation pour réaliser une nouvelle fonction. Exigez de tester un produit terminé et fonctionnel. Revenez tout le temps observer si l’équipe va bien et si elle avance sans problèmes. Souriez, vous ne rêvez pas, c’est simple et c’est Scrum.
La suite de la présentation de Diesler de Borland est un témoignage sur la mise en place de Scrum aux seins de 3 équipes de Borland. J’ai retenu qu’il faut pas faire des slides que les gens lisent, que Microsoft Visio 2007 ou KeyNote sur Mac auraient donné un résultat plus joli… etc. Le plus intéressant est que Scrum est un chemin vers l’amélioration. La route est droite, l’objectif est limpide… mais ça monte !
Ensuite nous avons eu la chance d’avoir la présence de Claude Aubry. Claude fait parti comme moi du bureau du French SUG. C’est l’auteur du blog « Scrum, Agilité et Rock’n roll« . Après une carrière dans l’industrie, le développement et le monde de l’aéronautique, il a créé sa structure de conseil sur Toulouse. Il est aussi professeur à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. C’est l’une des grandes références de Scrum en France, et donc sa présence était aussi très importante. Assez de cirage de chaussures, passons à sa présentation.
Exercice de ce soir : parler de la communauté Scrum en France. Comme il l’explique pour commencer, il a découvert Scrum en 1996 et s’y est progressivement intéressé jusqu’à créer une structure pour en faire son métier. A ce jour on recense entre 400 000 et 500 000 informaticiens en France. C’est amusant mais j’ai fait un exercice d’estimation. Je suis allé sur le site du Syntec et j’ai vu que 60% de ces informaticiens font du développement et de la gestion de projet. Les 40% restant font de la maintenance, de l’admin système, de l’exploitation, etc. Cela donne donc une fourchette haute dans les 275 000 informaticiens en France susceptible d’entre parler de Scrum un jour. Ensuite tout en bas de l’échelle, il y a eu 540 personnes certifiées Scrum Master en France depuis l’an dernier, dont 120 par Jeff Sutherland avec la formation de Xebia. Imaginons que sur ces 500 personnes, 250 diffusent activement et 100 sont vraiment Scrum Master, d’équipe de 10 personnes… on arrive au chiffre de 1000 personnes ayant soit fait du Scrum, soit participé à Scrum.
Dans la suite de la présentation, Claude Aubry rappelle un peu le fonctionnement de Scrum. Il cherche aussi à identifier très justement la particularité de la culture française. Je pense en effet qu’il a tout à fait raison de parler de l’écosystème où nous travaillons, de la structuration des projets, des missions « au forfait » qui sont un héritage lourd parfois.
Il explique que les développements informatiques sont structurés comme le développement dans le bâtiment. Le vocabulaire MOA/MOE et la séparation entre les deux vient directement de nos voisins les bâtisseurs.
Dans la culture française, nous avons une forte curiosité. Nous adorons remettre en question ce que l’on nous apprend, tout en conservant un aspect cartésien, Descartes est français après tout. Pour autant, Claude explique que Scrum fonctionne très bien et qu’il n’y a pas de changements de règles à utiliser. Il faut simplement s’adapter à son interlocuteur.
J’ai apprécié sa présentation, on retrouve les sujets de fonds qu’il traite sur son blog. Très intéressant.
Guillaume Bodet, directeur technique de Xebia France, prend enfin la parole pour la dernière partie de la soirée. Son objectif est de nous proposer des techniques pour vendre Scrum à nos managers, à nos clients et à nos équipes. Tout d’abord une distinction sur la notion de valeur et la notion de coût. Scrum est vendu d’abord pour la valeur qu’il crée : cycle itératif rapide, meilleur communication, meilleur qualité, moins d’échec de livraison, produit mieux testé et terminé, etc. On oublie aussi le coût : remise en question des rôles, gestion de la communication entre les personnes, conflit d’intérêt entre interlocuteurs, peur du changement, peur de perdre le contrôle en tant que manager.
Il résume très justement le cycle d’adoption en effectuant une analogie avec le cycle d’une psycho-sociologue qui soigne des familles en souffrance. L’introduction d’une thérapie de groupe fait d’abord flancher et exploser la famille avant de la rendre plus forte. Scrum va tout d’abord déstabiliser une équipe et apporter du chaos. Pendant la phase où l’équipe pense que c’est pire qu’avant et que Scrum ne fonctionne pas, il faut s’accrocher. C’est ensuite au bout de quelques temps que l’équipe dépasse son seuil de production, et qu’elle commence à fonctionner à 400%. Comme toutes méthodes, il y a donc d’abord une phase de résistance de la part de l’équipe. Vient ensuite la résilience, la résonance et enfin pour terminer la renaissance.
Guillaume Bodet rappelle aussi l’importance d’adapter notre discours à la cible. Un DSI n’a pas les mêmes préoccupations qu’une équipe de développement. Il faut donc prendre le temps d’écouter et de rassurer. Il nous montre ensuite différents Kits afin de répondre aux sceptiques, aux inquiets, à ceux qui disent « vous savez des méthodes j’en ai vu avant »…
C’était un très bon moment. J’oublie (faute d’avoir pris des notes cette fois-ci) une bonne partie de la présentation de Guillaume. Tout le monde a bien aimé sa présentation, à la fois riche et intéressante. En principe Guillaume devrait faire une présentation autour de Scrum le mois prochai avec nous au Paris Java User Group. C’est le mardi 14 avril, les inscriptions se ferront sur le site du Paris JUG à partir du 5 avril je pense.
Pour terminer un buffet royal offert par Borland m’a permit de faire un tour, de discuter avec beaucoup de nouvelles personnes, dont quelques unes ont déjà lu le blog. Juste le temps d’écouter Eric Mignot discuter avec Antonio Goncalves sur CMMI et Scrum qu’il était déjà temps de partir…
Antonio termine l’écriture en anglais d’un livre de référence sur Java EE6. Plus de 440 pages, ce sera l’un des livres phares sur Java EE 6. Sortie prévue pour Java One. Comme on dit dans ce cas là : chapeau !
A quand la prochaine soirée scrum ?
Est-ce qu’un Café-Livre tente des gens en avril par exemple ?
Une discussion sur un thème précis de Scrum ?
Sur ce, Ctrl-Z je vais dormir. Je relirai/corrigerai demain.