« Cheri(e) j’en ai marre de mon poste de dèv en startup, j’ai été chassé par un Cabinet pour être Digital Developer chez Super Grosse Boîte. Fais les valises, on repasse le périph »
Après quelques années dans le monde des startups, de 1999 à 2003, je me souviens très bien avoir eu envie de rejoindre un gros éditeur de logiciel. J’ai cherché alors un poste dans une entreprise internationale, où je pourrai faire du Java, et parler Anglais. Cabinet de chasse, entretiens, évaluations, démissions, formation à Palo-Alto, puis retour à Paris.
Je suis donc passé d’une structure de 16 personnes, à une boîte de 13 000 personnes. Un gros éditeur de logiciels dans la finance. 600 personnes à Paris. Belle boîte. C’était Reuters.
J’y suis resté de 2003 à 2008.
Pourquoi aller dans une structure plus importante ? Pourquoi aller s’immerger dans une équipe de 20 personnes, dans un département de 130 personnes, où presque personne ne se souvient du nom du N+2 ?
Les avantages d’une entreprise de plus de 50 salariés
Une entreprise de plus de 50 salariés offre un bon nombre de petits avantages, confortables, et qui améliorent le quotidien. Les salaires, bonus et plan de participations permettent en général d’être payer entre 10 et 20% de plus, que dans une petite structure. Rien que la participation, lorsque j’étais salarié, représentait déjà 10% de mon salaire global. Ajoutez à cela un bonus variable pouvant aller jusqu’à 15%, j’étais très bien payé.
Combien ? Franchement dans les 58kEUR, mais je pense qu’en ajoutant bonus + participation, je devais avoir l’équivalent d’un salaire de 65kEUR. On est en 2008
Il y avait aussi d’autres avantages auxquels j’étais moins sensible, et dont je ne profitais pas trop. Le comité d’entreprise permettait d’acheter des places de ciné ou de voyages, sans compter les cadeaux à Noël pour les enfants et j’en passe… Qui n’a jamais fait le spectacle du cirque de Noël un dimanche matin à 9h en banlieue parisienne ?
Tout cela c’est très confortable. J’ajoute à cela 10 jours de RTT, plus les jours classiques, vous vivez dans un univers où vous avez 7 semaines de congés. Pas étonnant que personne ne connaisse le nom du N+2.
Côté formation, ce fut aussi pour moi l’occasion de suivre des formations techniques, mais aussi des formations de gestion de projet et une formation de manager. De ce côté là, il existe des services dédiées qui peuvent vous aider à vous reconvertir et à progresser. C’est plus compliqué dans une petite entreprise, mais c’est bien entendu faisable. Merci le système de la formation en France.
Après d’autres avantages moins politiquement corrects, mais qu’il faut aussi citer : la pression est tellement supportable que vous pouvez être assez incompétent, cela ne se verra pas ou peu. Pour peu que vous soyez vraiment compétent, on essayera de vous promouvoir à un poste plus important, où forcément, vous serez incompétent au final. C’est le Principe de Peter.
Et la place du développeur ?
Il faut tout d’abord faire une distinction entre une grosse société utilisatrice de l’informatique (Banque, Laboratoire, Grande Distribution) et un éditeur de logiciel dont l’informatique est le coeur de métier. J’ai travaillé dans le 2ème type de société, et je ne peux donc partager que cette expérience.
Les développeurs sont dans des environnements où il est possible d’évoluer, de se former et de mettre en place de bonnes pratiques logiciels. Pour mon expérience, j’ai pu me former à Scrum, passer une certification, et faire plusieurs formations de gestions de projets, chose que je n’aurais pas facilement fait dans une petite entreprise.
Globalement donc, c’est un passage intéressant en début de carrière. Vous aurez ainsi la possibilité d’améliorer votre formation de base. Avec un encadrement qualifié, je pense que c’est une bonne opportunité.
Ensuite se pose la question de votre évolution. Vous vieillissez, et mauvaise nouvelle, vous coûtez de plus en plus cher pour votre entreprise. Celle-ci a une grille de salaires, et vous arriverez rapidement dans la case « haute » du poste de « Développeur ». Vous pourrez alors tenter le combo « Chef de projet technique » ou « Architecte ». J’ai eu le badge « Senior Software Developer » puis « Lead Developer » avant d’avoir le sacro-saint « Technical Team Leader ». Notez les titres en Anglais, cela fait une différence.
Ce que j’ai personnellement appris, c’est que la structure de l’entreprise convient parfaitement à ceux qui souhaitent s’orienter vers le management. Que ce soit le pur lead technique d’une équipe, ou une évolution vers la gestion produit, la gestion projet ou l’expertise métier. Il y a largement de quoi faire 10 ans dans une entreprise, avec une carrière sympa, un salaire tout à fait correct, tout en étant heureux.
J’en suis encore plus convaincu lorsque je regarde le parcours de mes ex-collègues de Reuters.
La vie après la grosse société
Et là, on entre dans un sujet qui fait peur et qui n’est pas ou peu discuté lorsque l’on est salarié. Que va-t-il se passer lorsque je vais devoir partir ? Car ne rêvons-pas, à de rares exceptions prêts, vous quitterez votre entreprise actuelle. Y avez-vous déjà pensé ?
Démission, licenciement, reclassement dans un job placard…
Du jour au lendemain, on se retrouve sur un marché de l’emploi pas si sympathique pour des vieux comme nous. Votre expérience de 10 ans, surtout si vous êtes développeur, sera-t-elle valorisée et reconnue par un salaire plus important ?
Certains en profitent pour se lancer dans la création d’entreprises, ou pour rejoindre une petite structure. D’autres deviennent indépendant, chacun aura un parcours.
Il y a le passage de Windows à Mac. Et bien il y a le passage de « GrosEditeur » à « PetiteStartup ».
Conclusion
Prenez quelques minutes pour imaginer la fin de votre poste actuel. Comment voyez-vous l’après ? Etes-vous sur les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn ou Viadeo ? Est-ce que votre entreprise va bien ? Le projet ? L’équipe ?
Toujours se préparer pour le coup d’après. C’est un moyen simple de rester acteur de sa carrière professionnelle, et de continuer à se faire plaisir, à être heureux dans son poste, et aussi à relativiser par rapport au monde extérieur.
Vous détestez votre chef ? Il y a peut-être des postes ouverts dans d’autres équipes en interne. Saisir l’occasion de bouger et de tenter une autre équipe (ce que j’ai fait au bout de 2 ans durant mon expérience « GrosseSociete »).
D’un point de vue personnel, ce passage permet d’ancrer et d’apprendre les référentiels d’une grosse entreprise. Cela me sert chaque jour lorsque je dois discuter avec des clients, qui sont pour la plus part de très grosses sociétés.
0 no like
Commentaires récents