Fin de la première journée de l’USI 2013. Déjà 7 conférences, la journée se termine par une présentation de Marc Giget :
« Innovation et sortie de crise, vers une renaissance Européenne »
La présentation de Marc Giget va nous permettre de mieux comprendre la crise actuelle. Ses racines, son fonctionnement et l’espoir qui renaît après. En sortant de cette conférence, on reparlera de synthèse créative et de techo-centrique… Mais ça, c’est dans 45mn.
3 temps pour présenter ce sujet :
- Innovation et Crises
- Aux sources de la culture Européenne
- Techno-centric et Human Centric
L’innovation, si l’on regarde les siècles passés, entraîne souvent des crises, résultat de rupture entre un « avant » et un « après ». La dernière révolution liée à l’innovation, c’est la Belle Epoque. De 1870 à 1896, nou traversons une crise, la Grande Dépression. Les innovations du cycle précèdent ne suffisent pas à assurer l’économie. Intéressant de noter que cette crise est liée encore aux spéculations et aux manoeuvres financières. A la fin du XIXeme siècle, de nouvelles innovations techniques liés à des révolutions scientifiques apparaissent : électricité, pétrole ou automobile. C’est le début de la Belle Epoque, qui dure jusqu’à la première Guerre Mondiale. Joseph Schumpeter, économise Autrichien, publie en 1911 la Théorie de l’évolution économique. Selon lui, l’innovation et le progrès sont les fondements et les ressorts de l’économie. La technologie pousse des pans entiers de notre activité économique, forçant des acteurs dominant à se transformer ou à disparaître. Le cycle se décrit selon 3 phases. Tout d’abord la révolution scientifique, ensuite le cycle de la technologie et enfin la synthèse créative qui met en oeuvre ces innovations. Pensez par exemple aux usines qui fabriquaient les pellicules photos de Kodak. En quelques années, 198 usines vont fermer, balayées par le numérique.
La Destruction Créatrice est le processus continuel qui décrit l’apparition continuel de nouveaux secteurs économiques, pendant que d’autres secteurs disparaissent. On a forcément une pensée pour ce qui se passe à Gandrange, mais Marc Giget appuie que la source des emplois de demain n’est certainement pas dans la sidérurgie et les haut-fourneaux.
Concernant la recherche, nous n’avons jamais autant eu de chercheurs et d’innovations. 12 millions de chercheurs, 18 000 articles scientifiques publiés par an, 110 000 revues scientifiques dans le monde… oui nous avons de la technologie et des innovations brutes. Cependant, une technologie sans un objectif n’est rien. Pendant la période de la Renaissance, saviez-vous que nous avons eu un bon nombre d’inventions que nous utilisons chaque jour ? Le premier brevet date de 1421 à Florence en Italie. Et si je vous dis « Venturi Capitali » que l’on peut traduire par « Finance de l’Aventure »… Pourquoi nos hommes politiques parlent-ils de « Capital Risque » ? Moi je trouve que « Finance de l’Aventure » ça claque plus non ? Le design aussi a pour origine la Renaissance, designo en Italien, qui signifie dessin et projet.
Ces courants d’évolution font apparaître l’importance de donner du sens. Et ceci, tout geek que nous sommes, nous touches aussi particulièrement. L’Humanisme, courant qui apparaît aussi lors de la Renaissance, donne de l’importance à tout ce qui favorise le développement de l’homme, pour l’abstraire des croyances et l’élever en lui donnant une pleine conscience de ses capacités. La technologie, dans cette idée, doit alors être au service de l’Homme. Elle doit d’abord viser l’amélioration des conditions humaines ou des relations aux autres.
Sans aller plus loin, et parler du Parti humaniste par exemple, Marc Giget rappelle l’importance de la place de l’homme. L’avenir sera fait des outils que l’on a créé, du techno-centric au human-centric. Plus nous aurons de la technologie, plus il sera important de transmettre des valeurs et un sens pour celles-ci. Car l’innovation est « technologiquement neutre ». C’est l’expérience de l’homme et les usages, qui font avancer l’humanité.
Du techno-centric au human-centric :
Certaines innovations mettent beaucoup de temps pour se concrétiser, avec un impact exponentiel. Prenez par exemple Monsieur Leibniz. Il construit une version de la Pascaline, la machine à calculer imaginée par Pascal en essayant d’y ajouter un système multiplicatif. Il imagine alors le cylindre cannelé, qui permettra par la suite de construire les premiers multiplicateurs. Cependant pour des raisons mécaniques, il décide d’imaginer un autre système basé sur le binaire au lieu d’utiliser un système en base 10. Cette simplification doit lui permettre de fabriquer un calculateur différent. Nous sommes au XVIIème siècle, et sans le savoir, il venait de poser les bases de l’informatique. En 1947, l’invention du transistor permet de développer rapidement de nouvelles inventions. L’informatique aujourd’hui peut remplacer un bon nombre de métier. Les secrétaires sténodactylos ont presque totalement disparues. L’automatisation au supermarché peut supprimer les 440 000 emplois de caissières… L’impact d’une invention a donc des conséquences à retardement. Nous sommes presque étonnés que certaines innovations n’explosent pas plus rapidement, et peine à trouver une utilité.
Ce qu’il faut retenir : les inventions et la technologie ne prennent sens que grâce à notre part d’humanisme. L’explosion des réseaux téléphoniques cellulaires en Afrique permet de désenclaver des régions. La mise en place de programme d’informatisation et le remplacement des livres scolaires par des iPad n’est qu’une question de temps. L’apprentissage des langues, la possibilité de se former seul en suivant les cours des plus grandes universités, tout ceci fait que la régionalisation du savoir est en voie de disparition. Demain, un étudiant Thailandais aura autant de chances qu’un étudiant Français. Il sera même peut-être plus adapté au monde moderne, en ayant eu la chance d’utiliser l’informatique plus tôt à l’école…
Enfin dernière partie de cet exposé : le renouveau Européen
Les années qui viennent vont être déterminantes. La Belle Epoque se termine en 1914 avec le début de la première guerre mondiale. La montée du nationalisme, le protectionisme (droits de douane Bismarck, imposés en 1879 par l’Allemagne) et finalement la peur de l’autre entrainent l’Europe, puis le Monde, dans la première grande guerre de l’ère moderne. On a un peu oublié la Grande Dépression de 1873 à 1896, causée pour partie par la spéculation et le monde financier…
De 1998 à 2008, le taux de chômage des jeunes dans certains pays a très fortement augmenté. Presque 60% en Espagne. Les raisons sont conjoncturelles mais aussi liées aux loupés de nos politiques. Si l’Allemagne s’en sort mieux, il faut relativiser et mettre aussi en avant la faiblesse de son modèle social, ou le dumping avec la relocalisation d’ouvriers étrangers (Pologne, Roumanie) en Allemagne, où il n’y a pas de salaires minimums. Made in Germany by Poland…
Marc Giget pose la question suivante : peut-on rebooter l’Europe ?
Il y a cependant de très grandes innovations et encore un formidable potentiel en Europe, et en France. Nous sommes par exemple l’un des pays qui forme le mieux les graphistes, les artistes numériques et les développeurs de Jeux vidéos. Si Gandrange excite plus Montebourg, il devrait adresser un message d’espoir aux jeunes en parlant aussi des studios de développement vidéos. Savez-vous qui se cache derrière les studios Mac Guff ? Et bien c’est à Paris, que ce studio a réalisé le dernier dessin animé « Moi, Moche et Méchant 2 » (sans aucuns rapports avec Montebourg d’ailleurs). Non, ce n’est pas américain. Non, ce n’est pas Pixar… Ce serait bien de voir quelqu’un de chez eux à l’USI 2014 histoire de rappeler nos talents non ?
L’Europe est un pays très compétitif, dès lors que tout le monde s’entend bien. Prenez le succès d’Ariane avec l’ESA, d’Airbus ou du CERN par exemple. Le Web a été inventé au CERN de Genève, ne l’oublions pas.
Alors il va falloir former les gens, revoir nos infrastructures, investir et surtout donner de l’espoir. Tartiner du haut-fourneaux au 20h, c’est bien pour Roger mais ça ne fait pas rêver Kevin.
Plus sérieusement, l’Europe reste le premier exemple politique où des pays historiquement différents se sont unis. D’abord axé sur l’économie, l’Europe c’est aussi la politique. La place dans le développement durable et les programmes européens de recherche sont autant de sources d’espoirs pour nous et surtout pour nos emplois.
Conclusion
La technologie entraîne des vagues de changements sur notre vie et sur nos métiers. De nouvelles opportunités de métier apparaissent, pendant que d’autres doivent se transformer et évoluer. Faire de la technologie sans sens et sans respecter l’humain ne fonctionne pas. La recherche de l’amélioration de la condition humaine, la pleine conscience de notre chance en temps qu’être humain, tout ceci est indispensable pour avancer. Enfin l’Europe et surtout la cohésion du pacte Franco-Allemand sont indispensables pour ne pas revenir en arrière. La tentation du repli sur soit et la peur du changement sont les plus grands risques pour les années qui viennent. Malheureusement, nous aurons encore un bon nombre d’années difficiles. Mais par contre, les Geeks ont une place et un métier assuré. Si vous faîtes des enfants, ne rêvez pas d’une carrière de médecin pour eux. Encouragez-les à devenir développeur, car c’est sûr, nous aurons besoin d’eux demain.
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Cette présentation sur fond historique a dû être très intéressante, merci pour cette retranscription. Ceci dit… Qui a dit que Roger ne pouvait pas être un prénom jeune? 😉
Merci à Marc Giget de partir d’un constat nécessaire pour éclairer son propos concernant le présent, présent qui a du être de tout temps relativement anxiogène… mais là, j’enfonce une porte ouverte.
Merci pour cette analyse qui peut permettre à tout à chacun d’entrevoir d’un œil optimiste notre avenir qui vaut foutrement le coup d’être vécu. Avenir qui je l’espère sera ancré sur des valeurs qui éclaireront les limites étriquées du monde des certitudes.