Pierre Piezzardi d’Octo Technology a présenté « Le Lean Managment peut-il transformer l’entreprise ? ». La présentation nous a immergé pendant une heure dans la peau du décideur, dans le corps d’un manager qui observe son entreprise ou son service informatique. Très bonne présentation qui nous parle Lean, Agilité, Valeurs, Confiance… j’ai bien aimé.
La Direction Générale travaille avec la DSI, dont la mission est d’assurer la réalisation des projets informatiques de l’entreprise, dans un triangle constitué de la maîtrise des coûts, de la maîtrise des délais et bien sûr, de la qualité. L’arrivée des méthodes Agiles a permis de maîtriser le temps. En divisant en petites itérations la réalisation d’un logiciel, l’incrémental itératif permet de réduire les risques, donc en partie les coûts. Lorsqu’une équipe de développement a la perspective de délivrer un logiciel fonctionnel toutes les 2 semaines, plutôt qu’à la fin d’un cycle de 3 mois, clairement c’est plus encourageant.
Pierre nous rappelle la situation dans les années 80. Des entreprises se sont informatisées. D’autres se sont informatisées ET se sont réorganisées. Celles qui ne se sont pas réorganisées souffrent, et n’ont pas tiré « la substantifique moelle » de leur SI.
L’informatisation sans remise en question de l’organisation de l’entreprise ne fait qu’ajouter de la complexité. Le Lean propose des outils pour observer, mettre en place, mesurer, bref pour faire progresser.. J’y reviendrai lorsque je vous parlerai de la présentation de Régis Medina sur ce sujet, qui fut passionnante.
Les entreprises tendent parfois à créer des règles sur la base d’incidents. Lorsqu’un problème survient, une règle d’entreprise est établie. Par défaut, certaines entreprises interdissent tout, là où d’autres ont fait le choix d’ouvrir et de faire confiance aux gens. Pierre cite l’exemple de Wikipedia. Ce système repose sur l’observation que 99% des gens ne font pas n’importe quoi. Quant bien même un hurluberlu aurait l’envie de changer une page, vous pouvez être certain que l’erreur sera corrigée rapidement. Comment appliquer ce paradigme à l’entreprise ?
L’Agilité y contribue en donnant une autonomie et une responsabilité aux équipes. J’y reviendrai dans un prochain billet, puisque j’ai ensuite assisté à la présentation d’une organisation Agile avec 200 personnes chez un éditeur, dans la finance. Donner de la responsabilité au groupe entraine des changements en profondeur.
Lean rappelle l’importance de mettre des indicateurs en place. Appliqué à cette idée, l’évaluation de la performance individuelle devient obsolète et contre-productive. Il existe des systèmes comme les évaluations 360 pour prendre un feedback et reconnaître la performance de chacun. Pourquoi ne pas tenter cette approche ?
Pierre rappelle que le plus important est la performance globale. Comment ensuite délivrer de manière durable, et comment donner de l’autonomie ? Essayez ! Oui c’est aussi simple mais c’est vrai.
Le DSI saute et dit « Oui mais ils ne sont pas capables » : donnez-leur un manifeste, pour dire ce qu’ils peuvent faire, pour permettre. Retirez les obstacles pour qu’ils soient capables, aidez-les à concevoir rapidement des solutions en contribuant à la stabilité du système global. Permettre l’autonomie des équipes, en mettant des indicateurs pour pouvoir suivre l’évolution.
Un autre dit « Oui mais cela va être le foutoir… » : placez des standards simples. Il est important de donner des repères pour que l’entreprise réalise. Mais vous devez aussi rendre simple la possibilité de contribuer à ces standards. Repensez à Wikipedia. Pourquoi ne pas permettre aux équipes de contribuer ?
Un troisième dit « Oui mais… ils vont échouer » : donnez de l’autonomie, et surtout du sens. L’accomplissement personnel des développeurs, surtout dans les tranches 25-35 ans, passe par l’expression d’un sens. Chaque équipe doit avoir une phrase qui résume en 4 lignes ce qu’elle fait. A quel partie de l’entreprise contribue-t-elle ? Définir un sens pour l’équipe est primordial.
Les relations inter-équipes et l’évaluation doivent puiser dans les principes du Lean : la satisfaction du client est le plus important. Ne pas oublier que la raison d’être de votre produit, de votre logiciel, est de délivrer le plus rapidement possible de la valeur au client.
En conclusion, on peut essayer le pari de la confiance, l’idée de laisser ses équipes s’organiser en les aidant. La facilité d’utilisation des outils pour les clients est primordiale. La possibilité de contribuer aux standards de l’enterprise permet de ne pas oublier que l’informatique est avant tout une histoire d’homme.
Etre un individu est plus important qu’être un intitulé de poste.
Conclusion et Rétrospective
J’ai apprécié le fil conducteur de la présentation, comme le fond et la forme. Les principes du Lean transpirent dans la présentation, mais on a parfois envie d’une explication « encore plus simple » justement.
C’est une présentation du Lean Managment, qui nous amène à se demander s’il y a réellement une place pour l’entreprise classique, massivement hiérarchique. Pendant la présentation j’ai visualisé une structure monarchique de communication, où la communication se fait du haut vers le bas. L’arrivée d’Internet, le développement en méthodes Agiles et les attentes des développeurs sont autant de facteurs qui ébranlent cette approche, afin de construire des canaux de communications en étoile. L’individu est au centre, puis son équipe, puis les fournisseurs de services comme les RH/le support interne/l’équipe d’exploitation. Et la communication ne passe plus par le « chef de quelque chose ». Il est en effet temps de penser à un management différent.
Pierre,
j’ai pas fait le coup de « Philippe Manoeuvre » mais là tu prenais un bleu, car il y avait du sens justement, ce que j’ai vraiment bien aimé.
😉
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