La grande majorité des développeurs est silencieuse.
La grande majorité des Développeurs vivent dans un univers où les JUGs, Devoxx et le Touilleur Express n’existent pas. Un bon nombre de ces personnes sont des programmeurs Java. Chaque jour, ils travaillent sur des projets d’application de gestion, un site d’assurance ou la refonte d’un S.I pour une mutelle. Lorsque vous parlez de JUG cela n’évoque rien… et c’est normal.
Ne pas participer ou connaître un JUG, c’est normal. Ne pas venir à une conférence de développeur, c’est normal. Ne pas avoir envie de faire du code, de contribuer à un projet open-source, c’est normal.
Tout le monde fait comme ça. Pourquoi vouloir changer cela ?
Peut-être qu’un jour, l’exception sera de ne pas connaître la partie communautaire, mais pour l’instant, nous en sommes encore loin.
Alors oui, nous pouvons le dire, la grande majorité des développeurs est silencieuse.
Pourquoi ?
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Tout d’abord, le peu de médiatisation finalement de nos activités communautaires. Pourtant il y a plus de 16 ou 17 groupes d’utilisateurs Java en France. Une conférence comme Devoxx Belgique réunit 3200 personnes. La version Française en avril 2012 a réunit 1200 personnes. Je sais qu’une majorité des développeurs n’entend pas parler de toutes ces réunions, ces blogs et ces conférences.
Les sites d’informations généralistes d’informatique ensuite ne parlent pas ou peu des groupes d’utilisateurs, des conférences et de tout ce qui sort de l’ordinaire. Je ne me souviens pas avoir vu un article sur le Paris JUG dans 01 Informatique ou Programmez. Pourtant le succès de Devoxx France est lié au succès du Paris JUG depuis bientôt 5 ans.
Les étudiants sont une cible difficile à atteindre. Nous essayons de travailler avec les écoles et les universités, mais cela reste encore trop à la marge. Nous pourrions mettre en place la possibilité pour les sponsors d’inviter leurs stagiaires à DevoxxFrance, une idée pour 2014. C’est un pari et un investissement nécessaire pour que les futurs diplômés soient là dans 5 ans pour prendre notre relève.
Une autre raison est aussi la place du développeur dans l’entreprise. Indispensable pour construire ou maintenir une application, certains souhaitent qu’il reste un ouvrier. Et donc, adapterons l’entreprise et son système de management afin que le cadre supérieur Bac+5 ne soit géré finalement que, comme une ressource. Ce mot « ressource » est étonnant. Il permet de dépersonnaliser et d’uniformiser l’humain. Pourquoi y-a-t-il autant de sociétés de services dans notre secteur ? Sommes-nous condamnés à vivre à 43% d’informaticiens en SSII ?
Pourtant les SSII sont aussi indispensables, véritables sas de l’emploi nous dit-on. Sans elles, et parfois la volonté d’embaucher et de former le jeune diplômé, certains auraient du mal à trouver du travail. Force est de reconnaître qu’un client final est parfois très content d’embaucher une « ressource » avec 2 ans d’expérience, parfaitement formée par une SSII, sans prendre finalement le risque.
Enfin un sujet intéressant : tout le monde ne souhaite pas forcément passer ses soirées et ses week-ends dans des conférences, des groupes d’utilisateurs ou même sur un projet open-source. Travail, boulot, dodo. Est-ce que c’est bien ? Je ne sais pas. La question est plus une interrogation sur notre métier. Pourquoi d’autres professions s’investissent dans des congrès professionnels alors que pour l’instant, notre profession reste en retard ?
Pourtant je crois que notre métier est entrain de changer. J’en suis même convaincu.
Et si demain…
Première observation : en France la communauté Java est de plus en plus visible. Il suffit de voir les différentes soirées organisées chaque mois partout en France. Mais cela va au delà de la communauté Java. Sur Paris, il existe un nombre important de MeetUp ou de groupes d’utilisateurs. Les plateformes sociales facilitent ces rencontres et contribuent largement au succès de ces groupes.
Deuxième observation : il y a de plus en plus de conférences. Vous avez entendu parler de Devoxx France que nous organisons en mars prochain. Mais saviez-vous qu’il y aura en 2013 Web.NET pour la communauté .NET, organisée par @rhwy ? CloudConf en juin et dotRB en octobre 2013 organisé par l’équipe de dotConférences ? Une conférence DevOpsDays 2013 le 18 et 19 avril prochain ? Pour la communauté Java, la première « conférence » en France était pour moi le JUG SummerCamp, organisé par le Charentes-Poitou JUG à la Rochelle. Depuis nous avons aussi Mix-IT à Lyon, le BreizhCamp à Rennes, et d’autres événements dans le sud de la France.
Concernant Devoxx France 2013, l’ensemble des 1400 places a été vendu à 21 jours de la conférence. Plus étonnant, plus de 50% des places a été vendu alors que le programme n’était pas encore annoncé. Je demande un instant de silence à celui qui disait « …ne conférence en Français… ça marchera pas…« . Bon, ok, je fanfaronne, mais mince, 1400 personnes c’est pas rien.
Conclusion
Notre métier de développeur est en constante évolution. La majorité des développeurs continue à vivre dans un univers constitué d’un chef de projet, d’un client, de quelques collègues… et c’est tout. Pas de vision extra-entreprise. Aucunes idées du monde extérieur.
Alors une seule solution, vous qui lisez et qui venez participer aux soirées du ParisJUG et à Devoxx France : faîtes du bruit !
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Bonjour,
Une question tout de même, pourquoi est-ce que la participation à un JUG ou un projet open source devrait devenir la norme?
Comme vous le dites: développeur c’est un métier, est-ce qu’un comptable, par exemple, s’investit dans de la compta « pour le fun » le soir après le boulot?
De même, « travail, boulot, dodo, est ce que c’est bien? » c’est un peu réducteur. ça peut aussi être « travail, musique dodo » ou « travail graphisme dodo » ou sport, ou plein d’autre choses!
Quelques pistes…
1. Paris, c’est petit et très bien maillé. Si tu prends Bordeaux intra-rocade, c’est déjà 4X plus étendu que Paris. Et beaucoup habitent au-delà de la rocade. Donc, pour aller le soir à un JUG ou une conférence, ça fait beaucoup, beaucoup de transport. Et tout le monde ne peut pas se le permettre.
2. Beaucoup de développeurs aspirent à passer à autre chose au bout de quelques années. En général, ils sont de bonne volonté et sont plutôt contents d’être formés sur leur temps de travail à l’aide du DIF, mais l’investissement personnel est hors de question.
3. Après, il y a l’aspect « applicabilité ». En tant que prestataire ou indépendant, on passe d’une mission à l’autre, et on a donc une chance de tomber sur un bout de projet où les technos sympas peuvent être mises en place. Mais pour la majorité des développeurs qui sont en poste fixe chez un « client final », la seule et unique technologie qu’ils verront dans les 10 prochaines années est celle qui existait déjà les 10 ans précédents. Scala, le cloud, le NoSQL, c’est de la science-fiction. Alors les conférences sur ces sujets…
4. Aspect pratique : tout le monde n’est pas indépendant et ne peut pas se payer le luxe (en argent et en temps) de se balader partout en France pour aller aux différents événements. Et encore une fois, Paris est bien placé pour se balader partout, mais faire Pau/La Rochelle par exemple, c’est pas très pratique et ça coûte très cher.
5. Les relais d’information. Dans notre métier, il n’y a pas vraiment d’organe centralisé d’information. Les magazines sont obsolètes le jour même de leur parution, et sont coincés entre deux extrêmes : trop spécialisés, ils ne touchent personne et coulent; trop généralistes, ils ne contiennent pas assez de contenu par type de technologie pour intéresser les spécialistes. Bref, l’information est décentralisée et passe principalement par des milliers de blogs épars, qui ont une audience relativement faible par rapport au nombre total de développeurs… (voir points précédents). Au final, pas facile de faire de la pub pour les confs…
Bref, seul un petit nombre de développeurs a à la fois le temps, l’envie et les moyens d’aller à des conférences et de participer aux petites sauteries numériques organisées à droite ou à gauche.
Du coup, cela ne me surprend pas qu’elles ne soient pas très médiatisées.
D’accord avec Romain.
1. Developpeur est un métier comme un autre. Y’a des passionnés qui s’investissent au-delà de leur job quotidien, et d’autres pour qui c’est juste un taf et point barre.
2. Tu peux être un passionné sans pour autant accrocher au phénomène des communautés/JUGS/confs. De la même manière qu’un médecin de quartier peut faire un super boulot sans se taper tous les congrès possibles.
Perso, je trouve qu’il y a de plus en plus un côté starification assez puant dans ce petit monde. Beaucoup de speakers sont plus là pour se mettre en lumière que pour transmettre un savoir ou une expérience. Et les organisateurs de ces confs sont les 1ers à entretenir ce système, à privilégier des noms au détriment des contenus, voire à offrir des écrans de pubs à des potes.
Pour avoir assisté à pas mal de confs, je suis souvent ressorti avec l’impression de pas avoir appris grand-chose, de plus avoir assisté à un (essai de) show, avec un contenu assez superficiel. Dans l’air du temps, quoi.
Pourquoi d’autres professions s’investissent dans des congrès professionnels alors que pour l’instant, notre profession reste en retard ? <— ça manque d'arguments. Autant je reste d\'accord avec l'article dans son ensemble autant je suis un peu déçu par ce genre de généralités.
Pour venir d'un ailleurs je n'ai pas l'impression que l'herbe y était plus verte.
De même j'aurais aimé savoir d'où sortent les chiffres que tu cites, l'artivle en lien ayant plus de 10 ans 🙁
Pour revenir sur le fond :
Je n'ai jamais réussi à obtenir un article dans une revue ou un journal local alors que les associations d'entreprises en informatique locales oui. Il y a tout simplement une question d\'argent. Le jour où le ParisJUG pourra se payer des encarts dans 01Informatique peut être qu'ils daigneront s'intéresser à lui.
Keep on the good work.
Emmanuel
Salut Nicolas,
La majorité est silencieuse car elle a été éduquée comme cela :
– dans la majorité des écoles d’ingénieurs ou d’informatique le « graal » enseigné est le job de chef de projet,
– du coup le job de « développeur » reste une simple étape vers le « graal »,
– et les recruteurs dans les écoles confortent cet état de fait : Devenez chef de projet en 6 mois chez Cap Machin, devenez manager en 15 jours chez Bidule Consulting,…., ou pire faites une mission de 3 ans chez Altruc et le client Machin vous embauchera pour la TMA du super logiciel de compta codé il y a 15 ans,….
Bref la vision expertise / création de valeur / formation continue est finalement très nouvelle et minoritaire.
C’est un peu le parallèle avec le mythe très français des 80% de bacheliers : tout le monde doit avoir son bac avec un potentiel d’emploi faible alors que bon nombre de jeunes auraient fait sans bac d’excellents artisans avec un potentiel d’emploi fort (et du fun).
Je retiens qu’on est de plus en plus à se battre quotidiennement pour bousculer ces codes et j’ai l’impression que l’on s’amuse plus dans cette voie que dans la gestion des « ressources »…même si ça nous coute quelques soirées….qui ne sont pas obligatoires…
A la semaine prochaine @DevoXX,
Geoffray
Personne ne conteste que les médecins et plus généralement les chercheurs « doivent » lire des publications, participer à des comités de relectures ou à des conférences afin de confronter leurs idées et « d’être à jour ». Bien sûr ils n’ont aucune obligation et peuvent continuer d’exercer sur la base des connaissances acquises au moment de leur formation initiale, mais pour quels résultats?
Bien sûr il est aussi possible de faire une application de type client lourd qui appelle une multitude de procédures stockées côté base de données…
Dans le meilleur des mondes, les entreprises auront compris qu’être développeur ce n’est pas juste pisser de la ligne de code au kilomètre pendant 35-40 heures. Elles auront compris que le gain de productivité passe par la confrontation des idées, la découverte de nouveaux frameworks/languages… C’est pourquoi elles permettront à leurs salariés d’organiser et de participer à des évènements communautaires sur leur temps de travail (ou de formation), de dégager des créneaux pour travailler sur des projets open source, etc.
Cette vision n’est pas seulement une utopie, c’est aussi déjà une réalité dans certaines entreprises…
Sylvain:
Tu dis qu’il y a un coté starification dans Le « phénomène » des communautés/JuGS/conf…. Tu peux donner des exemples?
@Sylvain : ton commentaire sur le côté « Starification » m’interpelle.
En organisant Devoxx France, nous nous sommes dis : à partir d’aujourd’hui nous voulons changer les choses et montrer une autre image de notre métier. Contrairement à une conf organisée par un éditeur, nous, nous ne cherchons pas à te vendre une techno ou un soft. Vraiment, la volonté c’est d’abord de se rencontrer, ensuite de découvrir des technos ou d’écouter des expériences et enfin, de socialiser.
Après je suis d’accord avec toi, il y a quelques rares pseudo-stars qui s’écoutent parler. Mais par expérience, je peux t’assurer que la majorité des développeurs sont des gars simples. Ils souhaitent juste passer du bon temps, sans chercher à briller. Bref lorsque tu viens à une conférence, que tu sens bien que le bonhomme se passe de la pommade, tu peux simplement changer de salle et aller écouter un autre présentateur.
Je ne partage pas ton expérience sur les conférences, et en sortant j’ai toujours eu un petit plus. Je garde par exemple un bon souvenir en 2009 de ma première rencontre avec Patrick Chanezon ou de la première fois où j’ai vu Alexis Moussine-Pouchkine sur scène en 2007.
Pour info, depuis peu de temps le magasine Programmez (dont je suis un lecteur assidu) a une section sur les groupes d’utilisateurs, avec les dates de certain événements. Il y a eu aussi tout un article à la suite de DevoxxFR 2012 et celui de ce moi-ci a même mit l’article sur Devoxx 2013 en couverture.
Bonjour,
Je n’aime vraiment pas cette expression de « la majorité silencieuse ». Est-ce parce qu’un développeur ne participe pas à un évènement sociale (JUG, conf…) que ça fait de lui un développeur qui végète et dont la condition n’est pas normale ?
@Nicolas : En faite, je pense plus que la question que tu poses dans cet article, c’est la question de l’appartenance à une communauté. A mon avis, il n’est pas nécessaire de participer à des rencontres pour faire partir d’une communauté. C’est dans chaque journée de travail par les échanges entre collègues, par mission successive que se crée notre communauté de développeur. Les conf ou les groupes d’utilisateur ne sont que des vecteurs supplémentaire de fédération de cette communauté. Toujours est-il que de nombreux développeurs se tiennent au courant de l’actualité du développement par Internet et ce faisceau d’information est suffisant leurs yeux.
@Geoffray : on ne peut pas nier l’aspect « développeur c’est nul, chef de projet c’est mieux », cependant, il ne faut pas en faire une généralité, je dirais même que c’est une minorité. De nos jours, beaucoup moins d’étudiants font tout leur cursus en info pour devenir chef de projet en essayant de passer rapidement la « case » développeur. Il ne s’agit donc pas d’éducation, mais plutôt d’une image d’Epinal hérité de l’an 2000 où je te l’accorde beaucoup pensais ainsi !
Enfin en ce qui concerne la « starification », c’est surtout les participants de conférence ou de JUG qui la favorise souvent sans l’aval de la « victime ». Je pense qu’il y a immanquablement un engouement et une envie de certains développeurs à participer à des évènements mais c’est encore et toujours pour être reconnu et par une communauté et y exister.
Enfin qui dit communauté, dit représentant et quand ces représentants sont peux nombreux, c’est là que la « starification » apparaît. Peut-être que si le développement de groupes et de rencontres continue à progresser alors ce sentiment se dissipera.
@Nicolas
Je parle pas du marketeux qui vend son truc, mais bien du développeur qui a sûrement les meilleures intentions à la base et qui se fait une joie de passer de l’autre côté de la scène.
Le mec qui se lustre la quille à coder la moitié d’une session pour te présenter un fmk, moi ça m’insupporte. Celui qui a visiblement passé tout son temps de préparation à piller Flickr ou à faire mumuse avec Prezi plutôt que de réfléchir à son contenu aussi. Celui qui prend la scène d’un JUG pour l’Olympia aussi.
Je trouve qu’on (organisateurs, speakers, spectateurs) privilégie trop souvent la dimension forme/spectacle au fond. A la limite, je préfère un mec qui a pour objectif de vendre son truc oui qui lit à moitié ses slides foireux, mais qui a un vrai truc original à transmettre, et que j’aurais du mal à trouver/digérer sur le Net en qq minutes.
On a évidemment chacun nos attentes par rapport à des confs, et les miennes sont de plus en plus minoritaires 🙂
Moi je les nommerais : des ingénieurs informatique qui ont une vie
Bel article.
Pour moi la passion n’est pas suffisante pour éveiller l’envie de rejoindre des communautés de développeurs. J’en suis la preuve vivante : j’ai été passionné par l’info avant de « passer à autre chose » et d’en être presque dégoûté (par mes dernières années d’étude et mes premières années de travail, étouffantes), pour y revenir enfin plus tard. Je ne serais peut-être pas passé à autre chose si on était venu vers moi pour me montrer ce que peut être aussi le métier de développeur.
A la place j’ai dû attendre de de motiver moi-même à replonger dans l’apprentissage (ma raison : un projet personnel), alors que j’aurais pu très bien rester les bras croisés et persévérer dans cette vie de développeur tranquille et bien payé qui se limite à ses 8h/jour, comme la grande majorité silencieuse des développeurs évoquée dans l’article. Une grande majorité silencieuse qui est pourtant elle-même composée d’une majorité de personnes qui un jour ont été passionnées. A 15 ans ces personnes devaient être considérées comme des nerds. Ils ont appris tout seul le basic, ou la panoplie html/js/css/php/mysql pour faire leur site perso (c’est mon cas), pendant que les mecs du même âge préféraient faire du sport, de la musique, ou que sais-je encore. Ils ont naturellement fait des études d’informatique, en rêvant au fond d’eux à leur future start-up sous le soleil de Californie. Puis à l’école, ils ont fait face à des profs techniquement à la ramasse (5 ans d’études sans voir un seul framework web ?), qui mettaient en avant les systèmes laborieux et dépassés des grandes sociétés, qui leur parlaient qualité, norme ou procédure à longueur de journée, qui leur expliquaient que le but en soi est de devenir chef de projet (pour être sorti d’école il y a une poignée d’années à peine, je ne dirais pas que ce n’est qu’une image d’Epinal en voie d’extinction). Puis vient le premier stage, en grande SSII bien sûr, avec des collègues souvent bien peu passionnés. Il y a des architectes, bien sûr, mais ceux-ci ne partagent souvent pas leur savoir, par temps ou par volonté, cela n’a pas d’importance. Comment sortir de ça ? On finit vite par se dégoûter de cet environnement froid et sans passion qui ne ressemble en rien à celui auquel on avait rêvé. Le sursaut doit venir d’une envie personnelle, mais c’est rare … ou d’une rencontre avec un passionné disposé à partager.
Et quand je parle de rencontre, je parle de rencontre physique. Car je n’imagine absolument pas un « développeur perdu » décider un beau matin de saisir comme URL touilleur-express.fr. Pour quoi faire ? Je ne l’imagine pas non plus s’inscrire à un JUG, sur un coup de tête, alors qu’il pourrait à la place passer sa soirée avec des amis ou sa famille. Et poser des jours pour aller à Devoxx France ? Vous rigolez ?
Mais une rencontre physique, ça change tout ! Ca peut être un collègue à la machine à café, ou un type rencontré par hasard à une soirée, qui parle de frameworks dont personne n’a entendu parler. Le type de discours qui soule les 3/4 de son auditoire (« il nous gave ce gros nerd à parler boulot ! », ou alors « ‘tain mais il est chiant Alex de parler de Scala à chaque fois qu’il est bourré ! »), mais ça peut réveiller un ancien passionné et nouer des liens.
Je trouve qu’il est assez difficile de rentrer dans le monde des blogs, des JUG, etc. Ils sont bien sûr ouverts à tous et en libre accès mais ils sont comme « cachés » … et même un peu consanguins.
Je m’y suis mis il y a déjà quelques temps de cela et pourtant je me sens encore un peu à l’écart, probablement parce que je manque de vrais contacts dans la vie réelle avec qui partager mes découvertes, et qui pourraient me donner envie d’être plus actif sur Twitter, d’ouvrir un blog, … Pas facile non plus d’oser aller vers les autres développeurs lors des conférences lorsqu’on est tout seul. A deux c’est déjà tout de suite plus simple.
Il manque des développeurs qui auraient un rôle d’initiateur, si on veut. Des développeurs du monde réel, qui côtoient les SSII, les missions classiques en banque/assurance, et qui n’attendent pas un post de blog ou un tweet pour partager leurs découvertes. Finalement, c’est peut-être une sorte de compagnonnage qu’il manque à notre métier.
Avec l’expérience dans ce métier (j’ai 41 ans) j’ai appris deux choses:
-L’humilité:
Plus on progresse et plus on a conscience du côté très éphémère de nos compétences et de l’immensité de notre ignorance. C’est la raison pour laquelle j’essaie d’aller aux réunions de Jugs ou autres.
-Avoir une vie hors du boulot:
Pendant un temps je passais mes soirées à coder et je le fais encore parfois pour des projets perso (geek un jour, geek toujours), mais j’ai d’autres passions. Et après une journée à faire de l’info je prends un immense plaisir à passer mes soirées à jouer de la musique 🙂
@Marlo : je ne dis pas que les formations ne distille plus qu’il faut devenir chef de projet, je dis juste que les étudiants y croient beaucoup moins qu’avant.
@Sylvain je préfère prendre toute ta phrase avec l’adjectif : « starification assez puant ». Il y a star et star dans tous les domaines. Prenons l’exemple de la musique, forme artistique qui m’est chère, plus adaptée au monde des « stars ». Jonnhy Halliday est une star : gros show sur scène, motos, feu, lumière, longue carrière. Les Pink Floyd sont des stars : cochons volants, feux d’artifice, mur qui s’écroule, the Dark Side a été l’album le plus vendu durant plus d’une décennie. Puant ou pas puant ?
Le créateur de TED est un mathématicien passionné de musique. Il passait ses jours à assister à des conférences de mathématiciens et de physiciens brillants dans des pauvres salles d’universités, et ses week-ends à aller dans des supers concerts avec mise en scène. Il a donc eu l’idée de mêler les deux : les mathématiciens deviendraient des stars, on les maquillerait, il y aurait de la mise en scène, ils répéteraient leur présentations… Ce que tu vois sur TED ce sont des stars. A toi de voir si elles sont puantes ou pas. Ce que tu vois à JavaOne, Devoxx et autres conférences, ce sont des stars, à toi de voir si elles sont puantes ou pas.
Pour moi, la starification ne se résume pas uniquement au domaine de l’art. Pour TED, la starification a été poussé au maximum, c’est pour ça que TED est différent. Je suis content de vivre dans un monde où je peux aller voir les Pink Floyd, Pierre Soulages ou Neal Ford. « Star » ne veut pas dire « mal », ça veut dire « étoile », « qui sort du lot », « qui nous fait réver »… sauf si on préfère Johnny Hallyday
A mon sens contribuer a une communauté sur des projets open source est de loin le plus efficace en terme de formation.
Les presentations c est bien mais ca reste ultra superficiel. On ne peux serieusement apprehender un outil en profondeur en une heure, donc on ne se focalise que sur les trucs super cool, d ou la sensation de show parfois mais je trouve ca plutot bien d entendre des personnes fieres de leur projet ou spec.
Revenons aux blogs, il fut un temps ou le touilleur etait un declencheur de curiosité et nous presentait des fwks. Charge aux lecteurs d acheter un livre complet pour acquerir la competence car ce n est pas en lisant 2 articles que l on acquiert une competence serieuse.
@nicolas, pour ta phrase toute faite metro boulot dodo, sache qu il y a une vie en dehors du clavier, les femmes, les enfants, la lecture, l art, le bricolage.
@Sylvain
Pour avoir assisté à pas mal de confs, je suis souvent ressorti avec l’impression de pas avoir appris grand-chose, de plus avoir assisté à un (essai de) show, avec un contenu assez superficiel. Dans l’air du temps, quoi.
@Nicolas
Je ne partage pas ton expérience sur les conférences, et en sortant j’ai toujours eu un petit plus. Je garde par exemple un bon souvenir en 2009 de ma première rencontre avec Patrick Chanezon ou de la première fois où j’ai vu Alexis Moussine-Pouchkine sur scène en 2007.
@Nicolas, comme tu l’as décrit il y a quelques mois , mettrez-vous en place un system de notation à la sortie des conférences ?
Bon courage pour Devoxx 2013 – faute d’accord de mon employeur, je n’y serai pas présent 🙁
Christophe
Salut Nicolas
Je pense que sur le fond tu pars d’une bonne intention qui est d’inciter les gens a se rencontrer, partager et s’auto-former
Par contre dans la forme, je ne pense pas que dénigrer les gens qui n’assistent pas aux conférences, jug…etc soit la meilleur façon d’y arriver
« Pas de vision extra-entreprise. »
« Aucunes idées du monde extérieur. »
Ça me parait être une grosse généralisation une fois de plus, je pense qu’il faut que tu sortent de ton cercle parisien
Tu n’as aucune idée de ce que les gens qui ne vont pas aux jug, conf font de leur temps perso
Qui es tu pour te permettre de juger les gens comme ça ?
Ça veut dire que les gens qui ne s’investissent pas autant que toi n’ont rien compris a ce « monde »
On ne doit pas vivre dans le même monde alors
Ça va faire plus de 4 ans que je lis régulièrement tes articles, autant les articles purement technique sont intéressants, par contre ceux aux valeurs humaines comme celui ci, je trouve qu’ils sont souvent remplis de raccourcis et généralisation en toute sorte.
J’ai l’impression que tu souffres du manque de reconnaissance de notre métier. Ce qui me semble être surtout un mal bien français
Je travaille quotidiennement avec des gens qui sont très bons et qui aiment leur métier, ils n’ont pas la nécessité d’aller aux jug et cie pour prouver qu’ils aiment leur métier
Aller aux conférences, jug est un choix personnel que je respecte, mais il faut aussi respecter les gens qui ont fais le choix inverse
My 2 cents
@Paul : désolé si la conclusion est maladroite, en relisant je suis d’accord, cela fait donneur de leçons, ce qui n’est pas mon but (ou mon intention). Bon, je retrouverai plus d’inspirations pour essayer de partager l’idée. Merci aussi pour le retour (et le nécessaire recadrage ici).
Je suis d’accord pour dire qu’en france beaucoup de gens voie le métier de développeur comme un tremplin vers le metier de chef de projet, « la suite normal ». Cependant dans la réalité c’est deux métier totalement différent.
Je pense donc que ces reunions (Jug, conf) au final dans un premier temp c’est un moyen de s’opposer a cette démarche de « normalité » et de dire qu’il n’y a pas de honte a être passionné de technique. Loin de là. De plus, ce sont des lieux d’échange le but c’est de partager/comprendre des technologies (franchement on est loin des shows commerciaux, aller assister au salon du e-commerce a paris là ok c’est complement inutile pour un techos où l’unique but des conf/exposants est de vendre leur produit). C’est également le moyen d’avoir au final plusieurs points de vue différents (Spring vs Play!), de découvrir des technos, d’améliorer ces connaissances… Certe il faudra approfondir mais au final c’est ce qui fait qu’il sera plus facile d’être force de décision ultérieurement.
Au final j’aime bien l’expression : « Star » ne veut pas dire « mal », ça veut dire « étoile », « qui sort du lot », « qui nous fait réver »
Maintenant je suis assez d’accord sur le fait qu’il est plus facile d’assister a des conf/jug lorsque l’on est dans une grande ville ca evite pas mal de frais et de temps voir de congés, du coup faut pas non plus se braquer sur la généralité : n’assiste pas a ce genre d’évènement == silencieux, voir n’est pas passionné.
Enfin, heureusement la vision Chaque jour, ils travaillent sur des projets d’application de gestion, un site d’assurance ou la refonte d’un S.I pour une mutelle change, je travail dans une mutuelle et nous sommes passionnés d’open source, travaillons sur des techniques récentes, nous nous tenons informés des dernières technos et je viens à DevoxxFr
La majorité des développeurs travaillent dans un environnement où d’une part on utilise des technos souvent vieillottes et d’autre part, il est très difficile de changer les choses. Autant, il y a un peu plus de souplesse en travaillant avec le monde Java car c’est une techno qui parle au plus grand monde (je crois même que certains font de l’ejb2 sur java 1.5, wahou), autant dès qu’on commence à parler d’autres langages ayant moins de 20 ans d’existence, les gens vous regarde comme un extra terrestre : pas besoin de parler de Scala, Ruby ou Python suffit.
C’est sûr, on sort des confs avec des étoiles plein les yeux on va dire à notre client que pour cette appli on va utiliser Angular ou je ne sais quoi. Réfléchissons… Vous voulez prendre en charge la formation de votre équipe ? L’évangélisation de votre chef, de votre client ? Être considéré comme seul responsable si le projet part en vrille ?
Organiser et assister à des confs contribuent à faire avancer les choses, mais combien de développeurs on le cran de porter à eux seuls (ou allez, avec 2, 3 potes) une techno dans sa SSII moyenne ?
A la limite, on peut considérer ça comme du loisir. On ne se sert pas directement de ces connaissances acquises au travail mais pour son temps libre, si on peut se permettre de bosser sur un projet open source ou si on crée son propre produit.
Il restera un noyau dur de développeurs qui vont aux confs… mais cela restera des profils particuliers de passionnés pour qui ce qu’ils en retirent pourra entrer directement en application (surtout pour du devoxx où le ticket d’entrée n’est pas indolore).
Sur ceux, je vais aller me coucher pour rattaquer demain mes développements en korn shell et plsql (ça ce sont de vrai technos!)
J’aimerais réagir à quelques éléments de l’article ou des commentaires :
– sur la difficulté de cibler les étudiants, je suis assez surpris. Peut-être est-ce un phénomène parisien ?
Pour parler de ce que je connais, sur Toulouse lorsqu’un événement est hébergé par une école ou une fac, j’ai l’impression qu’il y a une bonne fréquentation des étudiants.
Pour Agile Tour Toulouse (qui a lieu dans un centre de congrès) on a eu l’an dernier un peu plus de 450 entrées dont environ (à la louche) 20% d’étudiants.
– sur le fait que développeur est un métier comme un autre qui s’arrêterait dès que l’on quitte le lieu de travail, il y aurait beaucoup à dire.
Un conseil de lecture : http://www.apima.org/img_bronner/these_pauline_cordonnier_FMC.pdf Ca parle de la formation continue des médecins. J’y ai découvert l’importance accordée par les médecins aux « groupes de pairs » pour assurer leur formation. Ça ne vous rappelle rien ?
– sur l’aspect copinage et réseautage des confs, je crois que c’est une réalité à laquelle il est difficile d’échapper.
Cela ne vient pas forcément d’une mauvaise intention. Un réseau social, ça fonctionne sur la confiance et il est toujours plus facile de sélectionner une session pour laquelle on est à peu près sûr du contenu parce qu’on connaît déjà la personne…
@Antonio
Le côté « puant », je l’associais pas au statut de star, mais à la propension chercher la lumière au détriment de ce qu’on fait. Et ça, ça s’applique à tous les domaines, y compris artistiques, même si les artistes ont ceci de particulier que ça fait souvent partie de leur « job ». Après, à chacun de placer le curseur où il veut, et je reconnais que je le place très bas. Moi c’est pas la star qui me fait rêver, c’est son album, son tableau, son dev.
Je ferais plus l’analogie avec les cuistots, eux comme nous livrons une production à un client, qui n’a pas besoin de nous connaître. Depuis quelques années, la personnification/starification bat son plein dans ce milieu. Y’a du positif et négatif, mais le côté « puant » que j’évoquais, ça concernerait tous ces « chefs » qui veulent avant tout se faire connaître, avoir leur étoile ou passer à la télé avant de penser aux assiettes de leurs clients. Pareil avec les journalistes qui se mettent de plus en plus en avant dans leur documentaires. Et là, ça prend de l’ampleur dans le monde du dev. C’est tout, c’était juste ce petit point-là.
>Ce que tu vois sur TED ce sont des stars. A toi de voir si elles sont puantes ou pas.
J’ai du mal à voire autre chose que de l’esbroufe hyper-formattée dans TED, même si les contenus sont souvent intéressants.
Bon après tout ça, c’est un débat qui date de la nuit des temps 🙂
@oaz j’apporte une précision concernant Devoxx France. Il n’y a pas de copinages pour sélectionner les présentateurs. Nous avons reçus 530-550 propositions de présentation. Les sujets sont sélectionnés par une équipe de 12 personnes indépendantes. Elles travaillent pendant 2 mois en tant que bénévole. Le soir, le week-end, et une fois toutes les 3 semaines en réunion. C’est simple, transparent et efficace.
@oaz: le problème, et je me le bouffe régulièrement en pleine gueule, c’est que tu peux te former autant que tu veux sur des technos un peu récente, atypique etc… Bah quand tu bosses en SSII, et donc avec des banques, des assurances, et autres pachydermes du néolithique, bah tout ce qui te met des étoiles dans les yeux le soir, bah le matin en allant travailler, tu te le met sur l’oreille parce que tu ne t’en servira jamais (coucou la mission EJB1 en 2013…).
L’autre truc, (mais ça, c’est aussi une question de savoir dire non) c’est qu’avec cette notion de « développeur, c’est pas un métier, c’est une passion », ces même SSII estiment que c’est bon, tu vas faire tes heures chez le client, et le soir, tu vas bosser un peu pour nous hein…
@Nicolas
Qui c’est qui a sélectionne les 12 indépendants?
Combien ne sont pas des habitués du Paris JUG?
Combien sont des indépendants des Zindeps?
Y a-t-il des développeurs « silencieux » dans ces indépendants, histoire de respecter le quota?
Je ne pense pas que le travail de ces personnes soit a remettre en cause mais de la a dire qu’il n’y a aucun biais possible, cela me semble un peu utopique 🙂
En même temps, j’ai pas trop envi de voir une conf sur les stratégies de test des EJB1 sous Webshpere…
Sinon je partage un peu l’avis de plusieurs, lors de certaines confs j’ai vu un hello world pas mal, avec parfois l’effet « waouh » mais au final pas forcément grand chose de plus. Bon c’est cool pour la culture générale quand on ne connait pas du tout la techno, mais dès qu’on en a entendu parlé, lu le readme github, parfois on a un peu l’impression de venir pour rien…
@Sebastien Lorber : A Devoxx France tu as 6 salles en parallèle. Si tu as l’impression de t’ennuyer, il te reste 5 salles à visiter avant de dire que tu as l’impression de venir pour rien. 140 présentations, cela demande un peu de préparation pour sélectionner les conférences que tu vas voir.
Deuxième point : préparer Devoxx France c’est énormément de travail. Nous avons pris des indépendants pour 2 raisons : ils peuvent libérer du temps et ensuite ils sont aussi indépendants, sans aucunes pressions de la part de leur boss ou de leur éditeur. Enfin oui, nous avons pris des personnes qui connaissent le ParisJUG. A part Guillaume qui est du NormandyJUG, les autres sont parisiens. C’est plus pratique lorsque tu dois te réunir une fois toutes les 3 semaines de 19h à 23h.
Enfin concernant Devoxx nous avons pris des personnes reconnues pour leur place dans la communauté, leurs connaissances des conférences et des speakers et enfin pour avoir été aussi à Devoxx Belgique afin de vous proposer un vrai Devoxx, et pas une pâle copie.
Et vraiment, nous sommes fiers de cette équipe et de notre choix.
Nous expliquerons tout ceci lors de la présentation d’ouverture jeudi prochain.
Je trouve le concept des JUGS bon, à la base, et *potentiellement* succeptible de secouer certaines branches. On y trouve de tout, pertinent, moins pertinent, dans une ambience pas déplaisante. C’est très pro dans le ressenti général, donc gros travail derrière -> respect aux gens qui gère le truc.
Pour le côté ‘show’, il est vrai que parfois, c’est un tantinet exagéré MAIS si ça ne l’était pas, on se ferait c..er à mort. Donc pour le speaker qui aime partager son sujet tout en se faisant plaisir niveau mise en scène, ça me va (à condition bien sûr de ne pas faire QUE ça).
Allez : faut voir ça comme une sorte de « Grand Cabaret » mais version techos. (encore que, dans le Grand Cabaret, pour la peine, on y voit des gens parfois vraiment très brillants)
@LatinLover Réaction épidermique : on se sent blessé / visé par quelque chose peut-être ?
Par contre -> @Sylvain : +1 pour le coté ‘starification’ pourrave.
Que des individus estiment qu’il est nécessaire de se ‘marketiser’, soit, c’est dans l’air du temps. Que certains estiment qu’il faut le faire pour se démarquer des 8654589 autres développeurs / archi / experts / WTF de la place – dont un certains nombres sont largement aussi bon- , soit.
MAIS que ça génère cet espèce d’élitisme crasseux et rampant à base de ‘tu es de la société TISMO ? Ha oui ils sponsorisent le truc / bidule / machin / évènement qui va bien, trop fooooooort !!! » ou, « ha oui mais je te reconnais toi, punaise t’as speaké au JUG / truc / bidule machin, trop fooooooort !! »
On doit être un certain nombre à l’avoir vécu : on rencontre un client, on papote technique. Ca se passe plutôt bien, le client se rend compte que vous n’êtes pas en train de lui vendre un cv bidonné, mais une réelle expérience, curiosité, capacité à. Vous arrivez même à lui mettre une ou deux baffe au passage, histoire de faire bonne impression. Bon, il finit par lacher un « Vous faites du PERL ? » (truc trop hardcorzz !!!) « Non, pas eu l’occasion ni l’opportunité. Par contre, en truc moins mainstream, j’ai tatonné un peu de (…) *présentation claire du langage truc, décorticage des qualités et défauts, etc *(…). Du coup j’ai creusé un peu sur mon temps libre entre les parties de foot avec mes enfants, le jardinage et la zik avec les potes. » * clin d’oeil *
Mais après une heure trente de discussion plutôt constructive, cette question sent le savon.
Savon qui se précise : « Zavez un blog ? » « Heu non, mais j’ai un myspace avec mes potes de zik »
« Ha, heu, vous contribuez à un projet open-source ? » (léger blanc presque imperceptible, le temps d’admettre que ça y est, on y est, la série de questions qui va vous éjecter bien proprement) « Bien sur ! Après être rentré du taf (une heure de transport, ça va !), m’être occupé de faire manger ma petite famille, avoir vérifié les devoirs de l’ainé et les avoir couché dans la bonne humeur, après avoir rangé un peu le bordel quotidien que tout celà génère, après avoir passé un peu de temps – quand même ! – avec ma femme, je code pendant deux ou trois heures, sans dec ! » *re clin-d’oeil nerveux*
« Ha heu ha heuuu… z’avez écrit un bouquin ? » « Alors figurez vous que justement, mon dernier client, et bien, vu qu’il me facturait à bosser sur des trucs fumeux de R&D, j’en profitai, une heure ou deux par jour, pour travailler sur mon prochain livre ‘Programming in java bytecode in action’ ! Pas mal non ? »
Non, pas de clin d’oeil, car de toute façon, la tournure qu’a prise l’entretien vous donne tellement de spasme des paupières que vous ne pouvez plus en faire.
Bien sur, le client ne vous retient pas pour le poste.
Vous n’êtes pas une *star* (comprendre ‘vous êtes qualifié, mais pas médiatisé => vous ne valez rien’)
Bien sûr, je sais déjà ce qu’on va sûrement me répondre : « Ho, mais c’est pas de chance, il devait être vraiment con ce client! » [Insert justification bidon here]
Et bien entre ceux qui se payent une *star* en guise de fusible / ceinture / bretelle / parachute pour porter le chapeau en cas d’échec de leur projet et les pseudo ‘chef de projet technique’ qui se prennent pour les rois du monde parce qu’ils savent ce qu’est une architecture en couche et qu’ils ont fait du Jboss SEAM sur un proto dans leur cave, et bien ça fait un sacré paquet de ‘vraiment con’.
Mais comme disait un chouette monsieur techos que j’ai connu, qui n’est pas à proprement parler une star (pas un speaker fantastique, d’ailleurs…), mais qui a changé ma vision de mon métier : « ben tu t’en fous, tu va ailleurs ».
L’histoire se finit bien, car il avait – comme souvent- raison : on finit toujours par trouver des gens censés, sympas, compétents, qui aiment leur métier mais qui savent aussi que pour être meilleur en math, il faut faire de la philosophie. Et pas passer tout son putain de temps à faire de la technique ou à essayer de maquiller le fait que l’on n’est plus si bon que ça en faisant des claquettes sous les spotlights.
Je fais de la veille sur ce qui m’intrigue, m’interroge, me permet d’être meilleur, quand je sens que je commence à rouiller, quand je veux, où je veux. Et pas « à un moment donné » « sur les sujets à la mode » « à la messe machin ». Marre d’entendre les ‘joe developpers’ faire leur petit pélerinage annuel et en revenir les yeux pétillants, tout en continuant à produire du code pourri d’une main en écoutant les cast codeurs de l’autre (ou je ne sais trop quoi) leur vanter les mérites de la nouvelle techno qui lave plus blanc, alors qu’ils ne se rendent pas compte que tout ce qui compte, c’est de devenir meilleur d’abord pour soi et par soi, pas en faisant une overdose de ‘the next big thing’ ou en ayant 238 ‘amis’ qui likent sur JUGbook.
Bon allez j’arrête, je pourrais continuer pendant des heures…
Je retourne jouer à Dwarf Fortress !
Si je peux un peu apporter ma pierre à l’édifice à propos de la visibilité dans les magazines. Il faut savoir que la presse va mal, pour différentes raisons.
Les évènements qui sont annoncés dans les pages des magazines comme Programmez ou sur des sites web comme Developpez.com répondent à un certain nombre de contraintes. L’une d’entre elles correspond à l’existence d’un partenariat et à sa nature. Ainsi Programmez met régulièrement en avant les soirées du Lorraine JUG. Et DVP a recensement parlé de Devoxx France…
Il y a quelques temps, j’ai essayé d’annoncer des soirées importants du Paris JUG, des Duchess ou même de l’ESIEA, sur des thèmes qui ont remplis les salles. Mais c’est délicat d’annoncer des évènements d’associations qui ne sont pas des partenaires alors que d’autres (Oracle, Microsoft) payent pour ça… Mes annonces ont bien été publiées au final, mais pas avec une visibilité en « home »… C’est la dure réalité de la vie…
Quant à la question de la fréquentation des JUG. Je crois que ceux des grandes villes sont des cas à part. Le Paris JUG et le Lyon JUG, par exemple, sont faciles d’accès. Dans d’autres JUG comme au Normandy ou au Lorraine, il n’est pas rare de rencontrer des spectateurs qui ont fait deux heures de routes pour venir, et feront encore deux heures de voiture pour rentrer.
En ce sens, c’est vrai que le métro aide… Pour autant, je prend mon exemple. J’habite en banlieue sud de Paris. Je vais au Paris JUG en voiture, ce qui me permet de rester à la troisième mi-temps. Quand je suis obligé de prendre les transports en commun, je dois partir juste après car c’est dur dur de se taper un RER la nuit. Et j’avoue que c’est un investissement personnel, en temps, qui est lourd.
Aller aux JUG, conf, etc. sur différents sujets comme Java, Scala, Js, Scrum, etc. C’est passer du temps loin des femmes/enfants. Reporter les séances de repassage ou de compta. C’est aussi déléguer le repas/bain de bébé au conjoint resté à la maison. Tout ça, ça se paye d’une façon ou d’une autre, à commencer par les absences et la fatigue. Et quand tu as 35 ans, tu récupères moins vite qu’à 25, quoi qu’en pensent les jeunes. Après une séance du Paris JUG, il me faut une semaine pour me remettre de mes émotions 😉
Et j’avoue qu’avant de fréquenter « assidûment » les JUG, je pensais aussi, comme bien d’autres, que c’était de l’élitisme : une bande de stars qui se réunissent pour exécuter je-ne-sais-quel rites étranges… Et puis j’ai constaté que non. La plupart des spectateurs, si ce n’est tous, sont des gens normaux. Mais c’est vrai qu’il est impressionnant le Nicolas 😉 pour de vrai. vraiment ! Sérieusement, avant de proposer une conf à un premier JUG, j’ai hésité/tâtonné pendant presque un an avant de me lancer et d’envoyer le mail. Résultat : réponse positive et chaleureuse dans l’heure. Comme quoi…
Thierry (c’est marrant que tu interviennes juste après un message où je pensais justement à Generali en le rédigeant…)
Le côté élitiste, ce ne sont pas forcément les gens comme nicolas ou autre qui le cultive (plutôt pas du tout, en fait d’ailleurs), c’est les autres.
Ceux qui font à tort /ou à raison le choix de dire ‘si tu ne passes pas du temps à faire du marketing de ta personne à travers un blog, des conférences publiques, des bouquins,etc… tu ne vaux rien’. Qu’ils soient chefs, ou collaborateurs lambda !
Voir les yeux des gens briller parce que tu prononces le nom de XXXXX XXXX, parce qu’il a écrit un livre sur Java et à fait une ou deux conférences sans dire trop de conneries, pour ensuite dénigrer un collaborateur dont le nom ne fait pas ’tilt’ et dont le look ‘geek du fond du couloir’ ne leur revient pas… (alors que le geek en question est en réalité d’une puissance intellectuelle bluffante et doté d’une capacité de résolution des problèmes assez unique), moi ça me fatigue, à force. Maketing marketing…
C’est ça que je qualifie « d’élitiste » et qui me gêne, principalement, bien au delà des conf et autre.
C’est très bien tout ca, cet activisme pour les nouvelles technos etc, mais j’ai l’impression que les boites en abusent: quand tu vois les annonces de job (dont un certains nombre sur l’express board) qui te proposent un environnement « riche et sympa » ou tu peux t’éclater a coup de nouvelles technos, et de meetup en tout genre (jug, code party, prez hebdomdaire etc) mais te propose en contrepartie un salaire assez dérisoire tu te demandes si cet engouement ne sert pas surtout l’intérêt des RH…
@jib : Je pensais aussi à Generali, une très bonne société, remplie d’excellents profils. Je crois que certains de leurs pôles se concentrent beaucoup sur ce que tu décris. Mais je ne saurais pas dire si c’est bien ou mal dans leur cas.
Nous avons soulevé une autre piste récemment : l’école 42 qui vient de se monter (super initiative by the way) ne met pas en avant -en première approche, certains commentaires a notre article semblent dire le contraire- la qualité du code et l’idée plu générale de software craftmanship.
C’est dommage alors qu’ils avaient l’occasion de repartir d’une feuille blanche et de donner très tot un coup de pied dans le positionnement classique du développeur…
C’est ici : http://blog.octo.com/lettre-ouverte-a-xavier-niel-et-lequipe-pedagogique-de-42-fr/
Note : on peut y voir du troll, comme cet article, normal quand c’est polémique 🙂