Deuxième journée, le mot clé de cette troisième demie-journée est « Construire« . La journée s’ouvre avec une excellente parodie du SAV d’Omar et Fred réalisée par les équipes d’Octo, avec François Hisquin en guest star. Excellent et bien sympa.
Plénière d’IBM sur le projet IBM Watson.
Stephan Gold d’IBM nous présente ce matin le projet IBM Watson, lancé en 2006, un mega ordinateur qui a battu des joueurs humains au jeu Jeopardy. Pour cela, le système analyse en moins de 3 secondes plus de 200 000 000 de pages à examiner.
Ce type de système expert est déjà utilisé en Angleterre par exemple pour contrôler les plaques d’immatriculation à Londres, et adresser une amende au contrevenant, en gérant aussi le paiement en ligne. Mr Gold explique que le volume de données collectées est en explosion. Environ 2.3 trillions. 90% de cess données ont été créés ces deux dernières années… Et les données non structurées représentent 80%.
1 responsable d’entreprise sur 2 n’a pas accès aux données critiques de son système. Les dirigeants des grandes entreprises pilotent à l’aveugle. Ou avec des rapports établis à postériori. C’est dingue non ? De fait, l’analyse des données va devenir de plus en plus stratégique dans les années qui viennent. La Business Intelligence a un bel avenir devant elle. Avec la quantité d’informations créés, il devient vital pour certaines entreprises de maîtriser ce volume et d’être capable d’en faire quelque chose…
Aujourd’hui pour analyser ces données nous sommes encore à l’âge de pierre. IBM travaille sur de nouveaux systèmes cognitifs et très puissant. le présentateur montre ensuite l’exemple de données médicales et de bases d’articles pour la médecine. Il est de plus en plus difficile pour un médecin d’être au fait des dernières avancées médicales, car il y a tout simplement trop d’informations.
Les bases de l’informatique de gestion ont été posées en 1950, et nous sommes aujourd’hui à regarder l’après-2012. Les données sont non structurées, et la clé est de mettre en évidence les liens entre ces informations.
L’informatique cognitive est définie par 4 caractéristiques :
- centrée sur la donnée
- designée pour l’analyse statistique
- basée sur des systèmes qui « scale-in »
- capable de s’adapter aux données
IBM est parti du projet Watson Jeopardy pour proposer ensuite aujourd’hui des solutions pour l’industrie. Début 2012, Watson pour Healthcare est annoncé. IBM va proposer dans les semaines qui arrivent des versions pour la Finance et l’industrie.
Watson est composé de 41 sous-systèmes, essentiellement des technologies existantes comme la reconnaissance de la parole, l’analyse en langage naturel, la sémantique… Watson comprend, génère des hypothès et enfin s’adapte et apprend pour s’améliorer. Le tout sur une architecture technique massivement parallèle.
En écoutant le speaker, on pense à Hal ou à Skynet.
Stephan Gold présente ensuite le fonctionnement de Watson pour répondre aux questions Jeopardy. Tout d’abord une analyse de la question, ensuite la génération de statistiques de réponses, ensuite la recherche de preuves et enfin le tri des réponses possibles, avec le niveau de confiance dans la réponse. Watson ne donne pas d’answers mais des responses.
Sur le secteur du médical, Watson permet d’aider à poser des diagnostiques. Le souci dans le secteur médical c’est que la quantité d’informations disponibles double chaque année dans le secteur médical. Il est difficile pour un médecin de suivre l’avancée et d’être au fait des dernières évolutions. 1 diagnostique sur 5 est faux. Inquiétant non ? Watson serait là pour aider au diagnostique. Ce projet est porté par les systèmes d’assurances américaines, qui voient là un moyen de réduire les traitements inutiles.
WellPoint est une mutuelle américaine de santé, qui couvre un américain sur 9, soit 34 millions de personnes. IBM travaille avec WellPoint afin de proposer un système pour améliorer les diagnostics. Nous avons ensuite une démonstration du système.
Au final, ce que je retiens, c’est qu’IBM se positionne très activement sur ce secteur. Lorsque le présentateur explique que la clé, c’est l’analyse des données, forcément cela nous parle. Mais lorsque l’on regarde ce que nous sommes à peine capable de faire, je me dis que le chemin à parcourir est encore long. Mais ce fut une bonne keynote pour commencer. Comme quoi, IBM est capable de faire de bonnes présentations. Bref.
Le moment où Nicolas visite le Palais Bromgniart
J’enchaine ensuite sans trouver de présentations intéressantes pour moi, Geek de base. Je regrette un peu 2008, mais en même temps l’USI fait bien de ne pas reparler du Cloud ou de la programmation fonctionnelle, pour regarder plus loin. Mais bon… une ou deux présentations un peu plus développeur, un peu plus centrée sur le développeur dans le monde de la finance en Banque, cela aurait été sympa. J’ai croisé des gens de la Banque de France, de BNP Paribas, des anciens clients, des freelances passés par la SGCIB ou Caylon.
J’ai ensuite bien apprécié la présentation de David Lesens sur les logiciels temps réels et critiques dans le domaine spatial. Vous pouvez d’ailleurs lire mon retour complet dans cet article.
The Elements of User eXperience par Jesse James Garrett
La plénière proposée pour terminer le 3ème temps de l’USI 2012 est intéressante. Jesse James Garrett est venu parler de l’importance de la User eXperience dans la création d’un logiciel. @JJG est l’auteur d’un article célèbre de 2005 dans lequel il présente la notion du web et de la mise à jour partiel du contenu d’une page, ce qu’il appelle AJAX (Asynchronous Javascript and XML). Amusant de penser un instant à certains frameworks dit « web » dans le monde Java qui, s’ils sont capables de faire des rechargements partiels d’éléments, sont incapables de le faire sans avoir un état du composant du côté serveur en mémoire.
Jesse James Garret (@jjg) est Chief Creative Officer chez Adaptive Path, dont il est aussi cofondateur. Depuis 2001, sa société accompagne le développement de produits et de services innovants pour Internet. JJG a par exemple mis au point « Visual Vocabulary« , un outil de documentation et de création de diagramme de flux, qui permet de représenter la navigation et les interactions sur un site Internet.
JJG est aussi l’auteur du livre « The Element of User Experience« , un livre exceptionnel pour ceux qui s’intéressent à l’UX. Le livre a été traduit en Français récemment et corrigé.
Durant sa présentation, il présente essentiellement son métier et l’importance du design dans la création d’un produit. Concernant un site Internet, ou même un service métier dédié, malheureusement l’expérience utilisateur est rarement correctement prise en compte. Les développeurs se retrouvent avec la charge de construire des interfaces. Mais un développeur n’est pas un utilisateur. Lorsqu’une interface est mal construite et qu’elle est mal codée, vous vous retrouvez alors avec un paquet de boutons et d’icônes. Et c’est à l’utilisateur d’apprendre à utiliser le logiciel. L’exemple emblématique est l’ancienne barre de Microsoft Word, et ces 200 petits icônes.
Jesse James Garrett pose la question suivante : qui dans votre projet est responsable du client ? L’équipe marketing ? L’équipe support ? L’équipe métier ? En fait, tout le monde est collectivement responsable face au client. Une bonne expérience c’est l’intersection entre la technologie et l’humain. Sur une étude de 362 sociétés, lorsque l’on demande aux utilisateurs ce qu’ils pensent de l’interface du site, à peine 8% déclarent que le site apporte une expérience agréable. Allez pensons un instant à un site de réservation de billets de train, qui demande un doctorat pour comprendre l’utilisation. Hier aussi sur Opodo j’ai eu du mal à terminer un achat car le formulaire de validation final souhaitait absolument que je précise une adresse.
Quel est le compliment que vous aimeriez entendre de la part de vos clients ?
« I can’t live without it »
Lorsque votre produit ou votre service, même votre application de gestion développée dans votre petite équipe devient indispensable, alors vous avez rempli votre contrat.
L’approche classique des ingénieurs est tout d’abord d’aborder la Technologie. L’innovation technologique est le premier pilier d’un produit qui deviendra indispensable à vos utilisateurs. Ensuite les fonctionnalités du produit ou du service sont importantes. Dans les années 90, dans le monde de la Hi-Fi, il était de bon ton d’en faire le plus possible. JJG montre par exemple une photo des premiers magnétoscopes VHS ou Betamax des années 90. Ils étaient tellement compliqué que les gens ne savaient même pas régler l’heure. Encore aujourd’hui, la majorité des séniors rencontre des difficultés avec la télécommande de la télé ou l’usage d’un téléphone portable. Il y a un mieux, mais ce n’est pas encore cela.
Trop de fonctionnalités tue le produit. Lorsque vous construisez un produit, pensez à ce que vous pouvez retirer, plutôt que de penser à ce que vous pouvez ajouter. Faire simple est plus compliqué que faire compliqué. Steve Jobs disait dès 1984, qu’il était important de faire des solutions élègantes et simples à utiliser.
Lors de la construction d’une interface, le premier réflexe est de penser qu’un expert en UX vous fera « de belles CSS et de belles images ». Or c’est complètement réducteur et stupide. Un expert en design et en expérience utilisateur va combiner plusieurs critères. Tout d’abord l’esthétique : donner envie d’utiliser le produit. Ensuite de la simplicité : ne pas demander à l’utilisateur de deviner et l’aider à apprendre. Ensuite, il doit apporter des solutions, en comprenant bien les besoins de l’utilisateur.
Chaque produit, chaque fonction du logiciel est décrit en expliquant « je créé ce bouton pour que l’utilisateur puisse revenir à n’importe quel moment à l’écran d’accueil sur son ipad ». Et un enfant de 2 ans est alors capable d’utiliser un iPad, et de cliquer sur l’unique bouton pour revenir au départ. Et ça marche.
JJG revient sur une aventure intéressante. Rio est le premier fabricant de lecteur de MP3. A l’époque, ce sont surtout des appareils techniques et très perfectionnés. Sony sort aussi son mini-disc à la même époque. Pourtant aujourd’hui tout le monde utilise un ipod. Est-ce que vous savez pourquoi ? L’ambition de Rio était de faire un lecteur MP3 portable. L’ambition d’Apple était de faire un appareil nomade pour écouter de la musique en faisant du sport. Le premier était un bijou technique compliqué à utiliser. Le deuxième était un solution à un problème simple : il n’est pas possible de faire un footing avec un lecteur de CD portable, alors utilisons un lecteur de carte mémoire qui lira des fichiers numériques. Steve Jobs ne voudra pas de MP3 au début dans l’iPad car le son était moins bon que le format AC4.
Bref la clé d’un produit qui devient indispensable à l’utilisateur ce n’est pas que la technologie ou les fonctionnalités mais l’expérience.
Tivo est un système d’enregistrement des programmes télés qui a fait fureur aux USA. Il a été innovant, mais ce fut surtout parce qu’il apportait un nouveau moyen de regarder sa télévision. Aujourd’hui avec nos « boxes » en France nous avons ce même système : time-shifting, enregistrement, multi-diffusion. Par rapport à d’autres solutions, c’est l’expérience qui a fait le succès de ce produit.
A partir de ces différents exemples, JJG propose que nous essayons d’avoir une approche inversée sur les produits ou sur les logiciels que nous codons. Au lieu de penser données->logiques->interface-utilisateur, essayez de retourner cela en partant de l’interface utilisateur, puis la logique et enfin seulement les données. Cela revient à suivre les principes du « Start with Why » de Simon Sinek, dont je vous avais parlé lors de l’USI 2011. Nous avons trop le réflexe de se concentrer sur le « What » et nous oublions de traiter le « Why ». Cela va assez loin dans la façon dont les entrepreneurs parlent de leur projet : « nous faisons un site internet de type réseau social 3.0 avec géolocalisation« . Ok mon ami, mais à quoi cela sert-il ? Pourquoi fais-tu ce projet ? Quel est le neuneu qui t’a donné 2 millions pour faire cela ?
En 2012 enfin, les produits doivent maintenant s’adapter pour être connectés tout le temps. La prochaine (r)évolution sera le massivement connecté avec tous les appareils possibles et imaginables. Dans les années 90, l’informatique parlait « dossier » ou « fichier » mais cet aire est terminée. Aujourd’hui l’innovation c’est que les personnes sont au centre des activités. Il y a plus d’appareils mobiles que d’ordinateurs classiques. L’utilisateur pourra surfer sur votre service de son canapé avec sa tablette. Les interfaces seront simples et fluides à utiliser, beaucoup plus grand public que ce que nous faisions dans les années 2000. Le souci c’est que nous n’avons pas la formation ou l’expérience pour le faire.
Je pense même que l’innovation viendra des générations d’informaticiens qui ont 20-25 ans aujourd’hui, pas des vieux de 40 ans ou plus, qui ont connu les premiers ordinateurs, et qui continuent à coder des interfaces moches et inutilisables. Les 50 ans et plus ne codent plus, donc pas trop de danger de ce côté là. Et les gens de 30 ans sont chef de projets, donc inoffensifs. Non, le souci c’est les 35-45 ans qui codent.
Conclusion de la 2ème matinée
Bien sympa, avec beaucoup de contenu à revoir je pense via le site de l’USI dans quelques temps. C’était la plus geek, avant d’attaquer la dernière demi-journée avec le moment philosophique de la conférence, un peu de BCG, ensuite de l’interface homme-machine et enfin Philippe Starck pour terminer.
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Toujours aussi bien expliqué! un grand bravo!