Il y a 3 ans, je quittais mon poste de Chef de projet chez un éditeur pour devenir freelance et indépendant. 3 ans après, j’ai découvert qu’il existe une nouvelle façon de travailler. J’ai fait l’expérience d’être freelance en mission chez des clients, puis de travailler chez moi. Nous allons d’abord parler de l’Indépendant 1.0, du type de mission que nous pouvons effectuer. Puis ensuite du nouveau métier d’Indépendant 2.0.
Il y a tout d’abord l’indépendance au sens juridique et financier du terme. Vous claquez votre démission, vous créez votre EURL et en avant pour l’aventure. Dans l’informatique, le marché a besoin de vos compétences. Trouver une mission ne sera pas dur. Comptez 2 jours avec un CV dans l’air du temps. Vous débuterez votre nouveau boulot lundi prochain, bien plus vite qu’une embauche.
En effet.
Trouver une mission, c’est facile. Ensuite trouver un client avec lequel vous pourrez travailler en direct, s’avère plus difficile. Les grandes entreprises ne travaillent qu’avec une liste fermée de prestataires. Vous, simple petit indépendant, ne pouvez tout simplement pas travailler pour les grandes banques en direct. Il sera nécessaire de passer par de la sous-traitance, en trouvant un « porteur » référencé chez le client final. Parfois, vous trouverez vous-même la mission, vous serez ensuite obligé de demander la liste des sociétés référencées, de les contacter, et de venir les voir en disant : « Salut, je veux bosser chez Client Final. Ca vous intéresse de faire 8 à 10% de marge, de montrer au Client Final que vous bossez avec moi ? « .
Vous trouverez par contre sans problèmes des missions avec un intermédiaire comme une SSII ou un broker. Il y en a des tonnes sur Monster, sur Freelance.net et d’autres sites similaires.
Si je t’en parle, c’est pour t’expliquer l’influence de ce type de mission sur la notion d »indépendant.
Il y a donc 2 types de clients : en direct et via un intermédiaire
Sur ces 3 dernières années, j’ai travaillé avec 5 clients en direct et 2 clients via un intermédiaire. Les 2 clients pour lesquels j’ai travaillé via un intermédiaire étaient de grandes Banques, qui ne travaillent jamais avec des petites structures en direct.
Sur la durée, j’ai effectué 14 mois et 12 mois pour chacun de ces 2 clients avec intermédiaire. Sur mes 36 mois d’indépendant, j’ai donc travaillé 26 mois pour 2 clients, et le reste du temps pour ces 5 autres clients. Le plus long étant la startup en décembre 2009, avec 3 mois. Le plus court étant un audit pour un client avec 5 jours.
Donc 2 types de missions, avec une durée et un fonctionnement différent :
- la mission en régie via un intermédiaire pour un grand compte
- la mission en direct sans intermédiaire
La mission en régie via un intermédiaire pour un grand compte
Sur les missions à long terme, via un intermédiaire, vous vous retrouvez dans la même situation qu’un salarié, qu’un autre consultant ou qu’un interne. Chaque jour ressemble à la veille, et vous avez vite fait de prendre quelques habitudes routinières. Vous n’avez pas plus de temps que les autres pour développer votre entreprise et votre réseau. Côté veille techno, vous devez aussi travailler chaque soir pour avancer. Cependant sur mes 2 grosses missions, j’ai pu libérer du temps pour participer à des conférences comme Devoxx, Mix-IT, What’s Next, le JUG SummerCamp et les différents JUG où je suis allé. D’un point de vue légal d’ailleurs : vous faites ce que vous voulez : vous n’avez pas à demander l’autorisation de prendre des congés, vous êtes dans une relation commerciale avec le Client Final.
Tout ceci c’est ce que je vais appeler « être Indépendant 1.0 » avec les caractéristiques suivantes :
- mission en régie chez le client
- facturation à 30 jours
- relative sécurité avec des contrats de 3 à 12 mois
- parfait pour faire tourner financièrement son entreprise
- n’offre pas plus de temps pour la veille
- permet de prendre des jours pour participer aux conférences
- adapté à ceux qui veulent travailler librement
- moins de liberté dans les technologies utilisées
La mission en régie pour un client en direct
Je ne parle pas des missions au forfait, car ce sont souvent des missions compliquées, que je préfère refuser. Je travaille plutôt en mode conseil, avec un contrat type de service, des conditions générales de ventes et des conditions particulières pour travailler avec mes clients.
Ce type de mission est différent. Les caractéristiques seraient celles-ci :
- une mission avec un client en direct
- une réalisation chez le client ou chez vous (télétravail)
- l’acceptation d’une précarité avec un contrat court de 30 jours renouvelable
- un risque d’impayé plus élevé
- un vrai rôle de conseil et d’expert
- la possibilité de moduler son agenda en accord avec le client plus facilement
- plus de temps pour effectuer de la veille technologique ou lancer ses propres projets
- une liberté sur la réalisation, tant que cela marche, respecte le budget et rend le client heureux
Le type de mission d’un indépendant influence son emploi
Or avec un peu de recul, je me rends compte que le type de mission va avoir une influence directe sur le type d’emploi. Si demain j’étais salarié, en télétravail ou chez un client, quelles seraient finalement les différences avec mon statut d’indépendant ?
Ces points vont me permettre de montrer aussi la différence entre un emploi salarié classique et ce type de nouveau profil. Et vous verrez qu’il doit être possible de proposer cet approche à vos salariés.
Lorsque j’étais salarié ou consultant chez un client, il est vrai que l’obligation de suivre un cadre d’organisation limite la productivité. Parfois, en imaginant ne pas avoir à assister à certaines réunions, en évitant de recevoir 150 emails par jour, je me dis : je travaille vraiment. D’ailleurs, combien d’heures avez-vous vraiment travaillé aujourd’hui ? Combien de fois avez-vous été interrompu ? Pourquoi les Français restent-ils jusqu’à 19h ou 20h au boulot, en tirent une certaine fierté, alors que nos voisins verraient plutôt là le symptôme d’un gros souci ? Qui a dit que rester jusqu’à 22h permettait d’être « meilleur » ?
La motivation est vraiment différente. Lorsque vous arrivez à travailler par plaisir, ce que je souhaite à tout le monde, vous explosez les compteurs de la productivité.
Saint-Exupery disait
Quand tu veux construire un bateau, ne commence pas par rassembler du bois, couper des planches et distribuer du travail, mais réveille au sein des hommes le désir de la mer grande et belle
Elle vient avec un cadre de travail et des outils adaptés. La question de prendre une bonne machine ou une belle chaise ne se pose pas. Prenez eXo Platform, dont plusieurs salariés travaillent à distance. L’entreprise aide les personnes à acheter un bureau, un bon fauteuil et surtout un bon Mac. Je râlais il y a quelques mois sur les DSI du XXieme siècle qui dépensent de l’argent pour mettre des filtres « top-sécurisés » ou des anti-virus. Lorsque vous êtes chez vous avec votre équipement, croyez-moi que vous êtes bien plus efficace. Un peu de discipline pour ne pas laisser Twitter et GMail ouverts en permanence, mais finalement les mêmes habitudes « qu’au bureau ».
La relation à la hiérarchie est bien entendue complètement différente. Je ne vais pas le dire trop fort… mais est-ce que vous ne pensez pas que certains de vos managers sont inutiles ? Honnêtement ? Patrick le Group Manager, c’est pas un gros boulet ? Et Vanessa, la DirCom, elle en tient pas une bonne couche ?
Si vous êtes indépendant chez un client classique, et que vous y passez plusieurs mois, vous serez sans doute un jour confronté à la hiérarchie interne de l’entreprise. Normal, toute structure a besoin d’os pour se soutenir. Cependant on tend à promouvoir les gens qui sont compétents à leur poste actuel, en les transformant en « Chef de… ». Or vous le savez comme moi : un bon développeur n’est pas forcément un bon manager. Si bien qu’au bout de quelques années, il n’y a que des mauvais managers. Un bon manager deviendra Directeur ou sera chassé par la concurrence. Par contre personne ne voudra d’un mauvais directeur. On retrouve cela surtout dans les grandes sociétés, dans les organisations pyramidales obèses et fatiguées.
Je reconnais aussi qu’en devenant indépendant, après avoir été moi-même « chef de projet » pendant 3 ans, on perd le sentiment de peur ou de soumission du salarié vis-à-vis de sa hiérarchie. Rebelzzzzz !!! Disons plutôt : adulte. Fin de la récréation où ton manager écrasé par sa hiérarchie négocie tout avec toi : tu bosses pour toi.
Lorsque tu travailles pour un client en direct, la hiérarchie est inutile. Tu peux être confronté à une organisation pyramidale, mais tu n’en fais pas partie. Tu passes du mode « développeur ouvrier » au mode « développeur artisan » qui réalise son travail chez lui, pour le compte d’un client, qui souhaite de la qualité.
L’innovation est un avantage compétitif lorsque l’on est Indépendant 2.0. Si je mange littéralement du Scala en ce moment, c’est pour 2 raisons. Tout d’abord je continue à suivre l’aventure de Play! Framework, et la partie Scala est intéressante. Ensuite, c’est dans l’idée de se former et de se positionner aujourd’hui sur des technologies pointues, qui seront utilisées demain. Je n’ai pas pris un langage complètement exotique. J’ai fait le choix de prendre un outil proche de Java, mais qui me permettra surtout d’être sollicité dans quelques mois, pour réaliser des missions encore plus intéressantes. J’aurais pu rester sur la stack technique que j’utilise, ou j’aurais pu aussi faire le choix de monter en compétences dans la Finance. J’ai fait le choix d’apprendre un nouveau langage. J’ai cependant aussi mon « Options, futures et autres actifs » de John Hull sur la table de nuit.
Lorsque j’étais Independant 1.0, il était difficile d’avoir du temps pour apprendre de nouveaux langages ou de nouveaux outils. Vous êtes dans la même situation qu’un salarié ou qu’un autre consultant : votre boulot est de réaliser avec le socle technique de l’entreprise, pas de venir tout casser. J’en ai fait l’expérience il y a quelques temps : il n’est pas possible d’amener sa technologie « kikoulol » chez un client. Vous devez respecter et comprendre les synergies et les choix du client. Vous devez respecter son choix de telle ou telle technologie. Comprenez-bien : en tant qu’indépendant 1.0 vous apportez votre expertise dans la réalisation. Pas dans le choix de telle ou telle framework web. Si par contre vous pouvez avoir un rôle de conseil, allez-y car c’est intéressant.
L’Agilité est un truc d’entreprise. J’en fais l’expérience tout seul : je ne fais pas de pratiques Agiles lorsque je suis tout seul. Non. Je ne vais pas mentir et faire style « ouais je teste tout, je fais de l’intégration continue, je me fais des stand-up meeting tout seul, je mets des post-its dans le salon« .
Non je ne fais rien de tout cela, et merci, je vais bien. Je travaille différemment. J’appelle cela de la « Pragmatilité« . C’est comme de l’Agilité, mais en plus pragmatique. Si je dois tenir une liste des choses à faire, je le marque sur une feuille de papier, je rature lorsque j’ai codé quelque chose, et c’est tout. Si je dois donner une estimation du reste à faire, je fais le point avec mon client et je réajuste le cadre de ce qu’il faut réaliser. Voilà.
Dernier mot enfin sur les heures de travail. Dans le cadre de l’entreprise, il est obligatoire d’avoir un créneau où l’ensemble des collaborateurs est là. De 10h à 17h par exemple. Ensuite, et je pense que vous le vivez, il y a ceux qui arrivent tôt et partent à 17h30, et ceux qui arrivent à 10h mais restent jusqu’à 20h. Etonnant non ? Lorsque je racontais à mes parents il y a 13 ou 14 ans que j’avais commencé à 11h et terminé à 21h avec 2h de Quake en réseau entre les deux… ils avaient un peu de mal à comprendre.
L’entreprise et la vie personnelle se mélange, ce qui n’est pas bon. Je ne trouve pas normal que Pierre réserve ses billets de train avec sa copine au téléphone à 15h00 de l’après-midi dans l’open-space, puis qu’il reste jusqu’à 19h pour travailler. Si vous êtes en entreprise ou chez un client, à vous de fermer votre espace de vie privée. Après tout, il y a quelques années, l’organisation des vacances pouvait attendre 19h non ?
Cela provient aussi du fait que l’entreprise et la vie privée sont mélangées. Quid alors de la situation d’une personne qui travaille chez elle ? Et bien croyez moi si vous le voulez : j’ai un emploi du temps bien organisé. J’accompagne les enfants à l’école, un peu de sport, lecture des blogs, rédaction d’un billet ou test, puis début de la journée. Pause café via Skype avec quelques potes indépendants, puis boulot jusqu’à midi. Je sors chaque jour, histoire de prendre l’air. Boulot ensuite toute l’après-midi, peu de pause. Hop je vais chercher les 2 petits, gouter, jeux, bains, diner : une vraie vie de famille pendant 2 à 3h. Ensuite si mon épouse bosse aussi, je bosse un peu encore 2 heures, et c’est tout. Finalement, c’est mieux qu’avant.
Indépendant 2.0 en quelques mots
Je suis passé d’un mode salarié à un mode indépendant 1.0 pendant quelques temps. Puis en travaillant à mon compte pour l’eXpress-Board et en travaillant pour des clients en direct, j’ai découvert un autre métier. Disons plutôt une autre façon de travailler. Emploi du temps plus souple, motivation sur la réalisation, flexibilité des heures de travail, possibilité de se former et d’apprendre de nouvelles technologies.
Avec le Cloud Computing et les technologies du Web, je ne serai pas étonné de voir de plus en plus de personnes comme moi : vous travaillerez de chez vous ou dans des petits bureaux. Vos valeurs seront le travail, la qualité, la possibilité de travailler à distance et la bonne humeur. Vous n’aurez pas ou peu besoin de « manager » car le fruit de votre travail sera visible et tangible.
Je sais pas pour vous, mais si un jour je créé une société avec des geeks, et bien je garderai ce modèle. Je pense qu’il s’adapte aussi aux salariés en télé-travail.
A voir :
– New Workstyle : Un graph sympa qui montre le changement dans les habitudes de travail
Expérience très intéressante.
Merci de l’avoir partagée !!
Ca donnerait presque des envies ^^
Ça donne envie de devenir indépendant 2.0 mais n’est il pas trop compliqué de trouver régulièrement une nouvelle mission ? Quelle est ton approche (réseaux, porte à porte, etc.) ?
En tout cas merci de partager ton expérience.
@Guillaume : regarde cet article que j’avais écrit il y a quelques temps, sur comment trouver des clients. C’est un travail à temps plein : blog, conférence, déjeuner d’affaires, je bouge chaque semaine pour voir quelqu’un, pour rencontrer un contact ou discuter avec mes amis.
Juste pour confirmer la fin de l’article : la situation que tu décris correspond parfaitement au télétravail.
Parti d’un grand groupe il y a un mois je travaille maintenant en télétravail pour une petite structure et je retrouve complètement la façon de travailler que tu décris.
Je confirme c’est beaucoup plus agréable et productif comme conditions de travail. Perso j’ai du mal à comprendre pourquoi dans l’informatique le télétravail ne se généralise pas plus.
et si tout le monde faisait comme vous, qu’est ce qui se passerait?
Vous pensez vraiment que tous les acteurs d’un même projet pourraient travailer de chez eux?
et quid de la cohésion d’équipe, l’émulation…?
Ca serait d’ailleurs interessant d’avoir l’avis d’un client sur votre post
Article très intéressant !
J’imagine qu’il est plus difficile de se lancer en indépendant sans expérience et sans quelques lignes sur le CV.
A partir de combien d’années d’expérience peut-on estimer être prêt et avoir une certaine légitimité vis à vis des clients ?
@Guillaume blog, conf etc ne sert qu’à trouver des « bonnes missions ». Tu peux aussi être en mode 1.0 et les missions arrivent sans effort. Il suffit de mettre ton CV sur « freelance-info point fr » ou de l’envoyer à des cabinets spécialisé genre « computer-futur » ou « huxley »
@Melanie Tu as raison, dans une équipe le contact humain direct est primordial. Maintenant il a des cas où chacun est responsable de sa « brique » et ne communique avec la soit disante équipe que par « mail » et là, le télétravail s’y prête bien. De même, dans la vie d’un développeur il y a des moments où on sait qu’on en a pour « au moins une journée de développement », qu’on maîtrise le sujet et qu’on aura besoin de personne. Dans ce cas là, le télétravail est clairement plus productif, plaisant et même plus « écologique ». J’appel ça télétravailler « Just in time ». Le truc à ne pas faire en télétravail c’est de ce dire « tous les Jeudi, c’est télétravail », il faut que ce soit dynamique et pragmatique.
@Jérémy 2 ans.
Très intéressant comme retour. Si je peux partager mon expérience.
Je suis analyste programmeur de de formation, et cela fait 7 ans que je suis en indépendant.
Je suis passé par des petites boites de comm, startup, j’ai vécu des faillites et re-faillites pendant 3 ans. Puis j’ai décidé de rejoindre des amis graphistes en indépendant.
Pendant les 6 premières années d’indépendant, j’ai vécu, et laissé les choses se faire. Par chance les clients arrivaient par émulation de compétences dans notre équipe, et même principalement des clients en direct et télétravail.
Mais au final, j’ai végété. J’ai ressassé l’idée que c’était parce que je n’avais jamais bossé dans de grandes boites ou agences, et que cela me manquerait pour bosser sur des projets intéressants.
Mais aujourd’hui après être passé proche de mettre la clef sous la porte pour cause de mauvaise gestion, je me satisfait très largement de mon parcours. Et mieux encore, il m’apporte énormément au quotidien. Je peux vous assurer que d’avoir vécu 3 dépôts de bilan en tant que salarié, de s’être gauffré en indépendant, de devoir se vendre en direct à des clients, et de se gérer au quotidien, c’est formateur.
Pour moi, le plus important en indépendant, c’est le rythme et la rigueur.
S’imposer un rythme de travail, des horaires pour voir le jour et même vivre mieux
La rigueur vis à vis des clients et l’exigence personnelle de ses livrables.
Ensuite se faire connaitre, d’autres indépendants, d’agences ou SSII. Ensuite viendront les clients en direct.
Le reste, ce n’est le job que l’on a choisi (été formé) et que l’on exerce et partage avec des amis, collaborateurs et clients.
Pour finir, bosser à distance … n’est pas un problème. Aujourd’hui je suis à distance de ma ville de travail (Paris), et je bosse sur un projet avec trois personnes, dont 2 que je n’ai jamais rencontré. Et le projet avance très bien. Et c’est comme ça tout le temps. Je bosse avec un client dans une agence, et un autre m’appelle pour me proposer un projet, etc…
A la rentrée, je déménage de bureau, et Il ne me reste plus qu’à trouver un lieu, pour partager cette envie et principe de vie avec d’autres, et le tour sera joué.
Qui veut jouer au ping-pong ?
A la lecture de l’article il apparaît évident à tout geek que nous sommes que ça semble la vie de rêve.
Personnellement j’ai choisi de ne pas passer indépendant il y a quelques années et je vais tenter de vous expliquer pourquoi, ce que j’y gagne et ce que j’y perds.
Je vais donc me décrire un peu pour planter le décore et expliquer ce choix. J’ai commencé il y a une dizaine d’années avec une petite structure d’une 10aine de personnes avec comme destination la Guadeloupe. Après cette expérience j’ai rejoint comme la plupart une grosse SSI.
J’y suis resté 6-7 ans, puis retour sur petite structure comme directeur R&D pour finalement être actuellement Responsable de l’architecture Logicielle pour une grosse société.
Je vais donc pouvoir vous donner quelques avis de type Client.
Pourquoi ne pas avoir choisi d’être indépendant ?
Je me suis posé la question lorsque j’avais 5-6 ans d’expérience. La raison principale en était à l’époque purement financière car j’aurai doublé mon salaire.
Finalement je n’ai pas pris cette décision, étant avec ma femme responsable de 2 enfants et surtout le passage au statut d’indépendant entraîne le risque de stagnation.
En effet l’indépendant est employé pour ses capacités et non son potentiel, une entreprise ne peut investir dans la montée en compétence d’un indépendant comme elle peut le faire pour un salarié.
Pourquoi tout le monde ne peut pas être indépendant ou travailler de chez soi ?
Je pense que la réponse tient principalement à la qualité des personnes. Nicolas n’est pas un développeur moyen d’un grand groupe, il représenterait, sans vouloir lui jeter des fleurs, plutôt le top de ce que l’on peut trouver. De plus si on analyse la façon dont il organise son emploi du temps il s’astreint à une hygiène de vie assez exemplaire.
Cette hygiène est indispensable au travail à domicile. L’ayant pratiqué pendant environ 8 mois je m’étais astreint à être devant mon ordinateur (Mac bien sûr) à la même heure que sur mon lieu de travail ; le classique je me lève plus tard et finirais plus tard le soir est la premier pas vers la non réussite du travail à domicile.
Pour un développeur moyen il y a aussi l’avantage de pouvoir progresser plus facilement aux contacts des autres que personnellement dans son coin d’autant plus si on a pas le contact facile et si l’on a tendance à être trop casanier.
Indépendant et Indépendant
En étant passé de l’autre côté de la barrière, j’ai vraiment pu remarquer qu’on pouvait avoir souvent 2 types d’indépendant.
Le premier est la plaie du métier : il recherche uniquement de l’argent, près à partir pour 10€ de plus, imbu de lui-même, se sentant très supérieur aux internes, aucune fiabilité, capable de ne pas venir le jour même du début de leur contrat, pas forcément compétent… Ceux-ci ont malheureusement donnés dans de nombreux groupes une image déplorable de l’indépendant et ont entrainés les blocages de recrutement.
Le deuxième est un vrai bonheur pour une entreprise. Ses compétences et son ouverture permettent de dynamiser le SI en apportant leurs plus values. En étant de plus débarrassé du côté soit commercial, soit hiérarchique ils apportent un vent de fraîcheur plus que bienvenu qui nous permettent de nous remettre en cause et faire progresser le SI.
Peut-on retrouver les aspects décrits par Nicolas en étant dans une entreprise ?
La réponse est clairement non pour une bonne partie.
Mais d’autres parties intéressantes sont accessibles en tant qu’interne dans une société qui ne le sont pas, ou très peu, pour un indépendant.
En premier la satisfaction de voir le projet sur lequel on s’est tant investi vivre. En SSI ou pour les indépendants la plupart du temps la mission n’ira pas plus loin que la première mise en production alors qu’en interne vous aurez la gratification de voir les gens réellement utilisés les sujets sur lesquels vous avez travaillés.
En second vous pouvez influer sur le SI lui-même. Et pour moi tout le défi est là.
Votre expérience vous a donné une vision de ce vers quoi vous pensez qu’il faut tendre, vous pouvez alors vous entourez de personnes compétentes que vous aurez choisis vous mêmes. De cette synergie découlera une influence qui peut être importante.
Aujourd’hui nous avons par exemple mis en place notre première application Play, la deuxième suivra bientôt.
Comment avons nous réussi? Je dois l’avouer par un gros travail de geek sur le temps personnel et une démonstration concluante.
Un aspect qui par contre peut être négatif pour certains est l’obligation de rentrer dan un jeu qui parfois est plus politique que objectif.
En conclusion
La description donnée sur l’indépendant 2.0 donne envie je l’avoue, mais elle ne doit pas cacher à mon avis ce qui se cache derrière : des personnes brillantes continuant de progresser par eux-même. Si vous appliquez cette démarche je pense que vous pourrez aussi trouver des satisfactions en entreprise.
Donc faites vos armes, progressez, découvrez, n’ayez pas peur des nouvelles expériences,…
PS : excusez moi pour ce commentaire que je trouve un peu brouillon, réalisé avec les enfants d’un côté et une tentative d’appliquer un système de template graphique uploadable par des utilisateurs dans les templates Play.
Félicitations pour cet article très intéressant avec un ton très agréable à la lecture 🙂
Pour en revenir au sujet :
@Jérémy : Je suis étudiant et passe en 5ème année d’école d’ingénieur et je peux te dire qu’il n’y a pas forcément besoin d’un CV en béton pour décrocher des missions.
J’ai crée mon statut d’auto-entrepreneur en Juillet 2010 et c’est le premier été (2011) que je consacre totalement à ma « mini-entreprise ». J’ai décroché un bon contrat avec un partenaire pour développer un logiciel et j’y consacre tout mon été en parallèle de la maintenance sur d’autres sites développés auparavant.
Et cet été n’a absolument rien à voir avec les autres où je faisais des petits jobs d’été insignifiants. J’ai le temps de profiter de mes journées, de sortir avec mes amis et de consacrer un créneau horaire journalier au développement.
Toutefois, j’ai un petit souci et ça serait intéressant de savoir ce qu’en pense Nicolas. T’arrive-t-il de subir le décalage du travail, à savoir travailler la nuit plutôt que la journée ?
@Chafik Peu importe le moment de la journée où tu travailles. Je pense qu’il est possible d’avoir un emploi du temps plus souple. Peut-être que le soir ou la nuit est plus propice pour toi. Il m’arrive parfois lorsque j’ai une idée de coder quelques heures le soir. Mais cela reste exceptionnel.
@sbert : très bon commentaire. Il y a la possibilité de faire de belles choses en étant dans la peau du client, en ayant un poste à responsabilité. Mon article force peut-être un peu trop le trait du côté indépendant. Après, est-ce que les personnes viennent me voir pour mon potentiel ou mes capacités ? Je suis plutôt d’accord avec ce que tu dis : on intéresse plus pour sa capacité à réaliser, que pour son potentiel. Le potentiel/le réseau intéressent plus les investisseurs/les créateurs de projet et de Startup.
Salut Nicolas,
Encore un superbe article très interessant.
Comme ca été le cas il y a un an avec un autre article, celui ci me donne des idées 🙂
Merci
Fabrice
Très bon article.
Tu es dans la ligne droite du livre « Free Agent Nation » de D.Pink.
Je suis aussi curieux que toi de savoir si ce modèle prendra en France.
Laurent
Excellent article, qui décrit bien les petits plaisirs et les grands bonheurs d’être freelance. J’entame ma troisième année de freelancing, et je ne me lasse pas du plaisir du travail à domicile, de pouvoir être mon propre patron, de bosser à mon rythme, d’appliquer mes méthodes, et de choisir mes clients.
En revanche, j’ai appris à fuire comme la peste les intermédiaires, que j’assimile la plupart du temps à des vampires à la valeur ajoutée proche du zéro absolu. Travailler en direct est bien plus satisfaisant, même si j’imagine qu’il est plus difficile de travailler pour les grands comptes dans ce cas.
@sbert
Je voudrais réagir juste sur l’avant dernier paragraphe de ton excellent commentaire.
Tu peux tout à fait, en tant qu’indépendant, investir sur un projet et le suivre au delà de sa mise en oeuvre.
Exemples :
– Nicolas avec http://www.express-board.fr/
– JB Lemée avec http://www.buildwall.com/
…
Evidemment tu n’as pas autant de moyens pour accomplir cela, et par défaut, tu es seul au monde, mais tu as plus de liberté pour définir tes objectifs, tu peux même investir sur des projets qui n’ont aucune valeur ajoutée pour ta société (je pense au site pour la promotion des associations de Mathilde).
Bonjour à tous.
Nicolas, tout d’abord, merci de ton témoignage.
J’avoue que c’est d’abord ton retour d’expérience qui m’a donné envie de me lancer en tant qu’indépendant. Merci donc à toi.
Je travaille maintenant, et encore, pour un grand compte, mais en tant que freelance. Et forcé de constater que rien ne change dans ma vie de tout les jours. Les mêmes gens, les mêmes problèmes, et toujours l’impossibilité de proposer de nouvelles idées quand tout est déjà validé bien en amont. Quand aux technos utilisé, le champs de manœuvre est vraiment restreint.
Je rêve moi aussi de ce genre de contact, plus humain, et je trouve, plus valorisant. Je pense orienter ma prochaine intervention sur ce genre de mission. En espérant trouver des contacts acceptant de travailler ainsi.
J’ai l’impression que tout le potentiel du travail d’indépendant ne peut exister qu’à travers cette approche que tu qualifies de « indépendant 2.0 ».
bonjour à tous,
c’est très intéressant.
je me souviens d’un podcast des castcodeurs où les intervenants disaient aussi que tout allait bien en région parisienne.
Peut-on avoir des retours d’expérience de personnes en province? et pas forcément à côté de grandes villes. Donc plutôt ceux qui ont réussi à faire une partie de leurs missions en télétravail.
Loïc