La deuxième journée de l’USI 2010 est consacrée à 2 thèmes : Ouvert et Valeur. La journée a débuté par une Keynote excellente de Neal Ford et de Martin Fowler. Je vous la réserve pour un article complet. Après un break, je suis allé écouter Olivier Mallassi du NoSQL User Group. Sa présentation nous propose de découvrir quelques choix d’architectures pour construire un système informatique stable, puissant et capable de récupérer en cas d’incidents. En cas de crash d’un système d’information, il est par exemple intéressant de prévoir des fonctionnements dégradés ou des routes de secours. J’ai enchainé par la présentation de Guillaume Plouin sur le Cloud Computing. Quelles applications concrètes pour votre système informatique ? Tout le monde n’est pas Google. Mais les idées des grands peuvent s’appliquer dans la construction des architectures. Présentation très sympa.
La claque de la matinée fut pour moi la présentation de Fabrice Epelboin, éditeur de la version française du blog ReadWriteWeb. Sans doute l’une des meilleurs présentations du format 20 mn de ces 2 jours. L’impression qu’un train vous passe dessus… Le sujet portait sur la liberté d’expression, la mise en place d’outils de contrôle, les risques que cela engendre. Les mots Hadopi, Lopsi et Deep Packet Inspection sont évoqués, avec les dérives qui arriveront un jour. J’ai le sentiment que nos gouvernants ne se rendent pas comptes du danger de ces lois.
Après une petite pause, nous repartons sur une Keynote de Jean-Philippe Courtois, DG International de Microsoft. Le message à retenir : Microsoft s’implique dans l’open-source, massivement dans le Cloud avec Office par exemple, mais aussi dans la communauté. La présentation a dérivé sur les brevets entre autre, je crois que c’est le moment où j’ai préféré sortir et aller prendre l’air. J’en ai profité pour interviewer Neal Ford et Martin Fowler, comme quoi ça valait le coup.
Pause déjeuner, l’occasion de rencontrer pleins de mondes. L’USI c’est par exemple un DG d’une Banque qui vient me voir et qui me demande quel est le plus vieux Geek que je connaisse. J’ai discuté avec Neal Ford et Martin Fowler, en compagnie de Didier Girard. Nous avons parlé de la position des « vieux geeks ». Neal du haut de ses 48 ans, explique que nous sommes une population qui n’existait pas en tant que telle il y a encore 20 ans. Il est confiant et la place de l’informaticien senior n’est pas un souci pour lui. Martin Fowler était un peu plus réservé, et nous avons parlé de la notion de Geek 2.0 (copyright D.Girard).
Une deuxième Keynote ensuite pour reprendre l’après-midi. Derrick de Kerckhove, sociologue, parle de l’aire du Tag. J’ai noté quelques points intéressants. Tout d’abord un slide qui explique que nous utilisons la parole pour communiquer depuis 17 000 générations. Cela fait « seulement » 300 générations que nous utilisons l’écriture, que 36 générations que nous utilisons l’imprimerie, et à peine 3 générations que nous utilisons le télégraphe. Internet n’existait pas du temps de mes grand-parents, j’ai connu le Minitel, et je me demande bien ce que découvrira mon fils… Intéressant non ? On se rend donc compte que les outils de communications vivent une révolution depuis 150 ans à peine. Cela a des impacts sur la société. D’après Derrick de Kerckhove, notre société va vivre maintenant l’étape du Cloud Computing. Notre vision de l’homme est encore orientée « imprimerie ». Le Web finalement n’est qu’un livre électronique non ? Je te dis cela à toi qui lis un blog… comme un livre. Nous n’avons pas encore vraiment changé notre mode de communication pour l’instant.
Il cite son maître, avec qui il a travaillé 10 ans au Canada, Marshall McLuhan. En 1962 déjà avait plus ou moins anticipé ce qui nous arrive aujourd’hui. Cette présentation orientée communication et sociologie était très intéressante.
C’est ensuite 4 présentations de 20mn, une Keynote d’une heure et le spectacle de Fabrice Luchini qui nous attend. A peine le temps de souffler.
Je reprends par la présentation pour Geek de Greg Young. Excellente, mais trop courte. Ce qu’il faut retenir : il est plus judicieux de modéliser 2 domaines différents lors de la construction d’une architecture informatique, afin de faire la distinction entre la lecture des données, et l’écriture des données. Greg nous présente un modèle qui enregistre les événements qui le change, plutôt qu’un modèle statique, mis à jour avec un update… Finalement, imaginez que vos Entities ne peuvent pas être modifié. Si le système conserve sous la forme d’événement les demandes de mise à jour (une sorte d’Hibernate Envers) alors tout d’un coup, votre système conserve une mémoire, un historique de son activité. Mine de rien, un repository SVN ou Git, c’est la même chose non ? Imaginez votre modèle non pas comme un modèle statique, mais plutôt comme un système versionné. Intéressant non ?
Je descends ensuite assister à l’excellente présentation de Guillaume Duquesnay : « Avalez la pilule rouge, recrachez la pilule bleue ». Il nous propose de prendre conscience des limites des outils de communications modernes comme l’email et la vidéo-conférence, afin de reconnaître des situations de ruptures et de changer de mode de communication. Prenez cet email de Jean-Pierre, qui écrit comme un chartier alors qu’en vrai, il est doux comme un agneau. Ou cette vidéo conférence, où vous êtes déconcentré par le passage d’une belle stagiaire dans le couloir… Dans les vidéo-conférences, Guillaume nous encourage à ouvrir une fenêtre de Chat pour marquer et partager les notes de la réunion. Pour les emails, ne mettez pas le nom de l’expéditeur tout de suite. Rédigez votre email, et si vous y passer 3 heures, c’est le signe qu’il faut laisser tomber et aller voir la personne. Très bonne présentation là aussi.
J’enchaine avec une présentation bien menée mais qui ne m’a pas accroché. Peut-être trop compliquée, et mal adaptée au format de 20 minutes ? Je vais vous la résumer rapidement. Antoine Gourevitch et Vanessa Lyon reviennent sur les strategies à mettre en place pour revoir le fonctionnement de la DSI. Ce que j’ai retenu : entre le métier d’une part, qui peut faire appel à des SaaS ou au Cloud Computing, et les fournisseurs externes de service d’autre part, la vie du DSI n’est pas facile. Risque-t-il de se transformer en « super acheteur » ? Choisir une plateforme de Cloud, un logiciel SaaS ou sélectionner une SSII… pas facile. Son travail est aussi de gérer les tensions entre le métier et la réalisation. Est-ce que l’on met ensemble les équipes ou pas ? Serait-il mieux de mettre ensemble les gens du métier, les développeur, les testeurs et l’exploitation ou pas ? Force est de constater que les entreprises préfèrent mettre en place des structures matricielles très compliquées… sans résoudre le problème. On essaye de mettre des architectures communes, des socles techniques communs, sans laisser la liberté de prendre une solution adaptée à chaque problème.
Je termine la journée par la présentation de Pierre Pezziardi, que j’avais déjà vu avec plaisir à la conférence Agile France en juin. Cela m’a donné envie de lire le livre de Pierre. Je ne sais pas si les participants ont eu ce livre gratuitement, mais pas les speakers. Je l’aurai bien lu, si vous voulez que j’en parle sur le Touilleur Express.
Nous terminons notre journée par une conférence hallucinante. Juan Enriquez est le CEO de la société Biotechonomy. C’est un business man visionnaire qui dirige une société de biotechnologie. Il a entre autre travaillé avec Craig Venter sur le séquencement du génome humain. Je vous détaillerai dans un autre article cette Keynote, qui fut énorme…
Enfin pour terminer, Fabrice Luchini est venu nous détendre pendant une heure. Avec le talent et la gouaille que l’on connait, il nous a bien fait rire.
Juste le temps de clôturer, et de se dire à l’année prochaine, l’USI c’est terminé.
Bilan
J’ai participé à beaucoup de présentations orientées Boss. L’USI est en fait l’unique occasion de prendre conscience de l’écosystème de la DSI, des tendances dans l’IT, et de la vision de notre monde globalement. Les Keynotes sont les clés du succès, avec la venue de speakers prestigieux. Certains jeunes Geeks sont surpris et étonnés de découvrir une autre échelle, qui remet en question notre vision parfois binaire de l’entreprise et du développement. Certains Boss sont étonnés de voir des conférences où le Cloud est très présent par exemple.
Je retiens cette année une prise de conscience collective sur la nécessité de changer l’entreprise. Le monde extérieur change (Derrick de Kerckhove), nous pouvons réussir des projets informatiques en travaillant différemment (Neal Ford et Martin Fowler), sommes-nous trop humain pour réussir ? (Ludovic Cinquin), la communication est la clé (Chris Anderson), la complexité est là (Yves Morieux) et il y a 700 millions de serveur internet dans le monde (Serge Soudoplatoff)…
A l’année prochaine, ça c’est sûr, vous pouvez compter sur moi.
Je n’y étais pas mais Serge Soupolanoff : connais pas. Ca ne serait pas plutôt Serge Soudoplatoff ?
Oui en effet… désolé pour la coquille. J’ai corrigé