L’ouverture de l’USI permet de prendre conscience de l’ampleur de l’événement. Avec 400 personnes, 50 sessions, l’agenda va être chargé. Côté organisation, rien à redire, manque juste un accès Wifi pour les Geeks.
Joël de Rosnay nous a offert une superbe première présentation. Est-ce qu’il vous est déjà arrivé lors d’une présentation de vraiment prendre votre pied en écoutant quelqu’un parler ? Je vais m’efforcer de vous retranscrire les points les plus marquants de sa présentation. Ne vous attendez pas à un résumé précis de son intervention de 50 minutes, la vidéo sera sur le site de l’USI 2009. Je prends plutôt l’axe homéopathique afin de vous proposer quelques points intéressants.
La présentation s’axe sur une discussion sur les enjeux de la civilisation du numérique pour demain, de l’arrivée du virtuel et du lien avec le réel. Tout d’abord une phrase : «il y a de plus en plus de virtuel, pourtant les gens cherchent de plus en plus de contact réel»
Joël de Rosnay nous brosse un portrait rapide de l’internet et il utilise une image parlante pour personnaliser l’Internet : celui-ci est un énorme cerveau et nous sommes chacun des neurones qui constituent ce cerveau.
Il définit ensuite 3 types de clients Internet : l’internet classique où vous surfez avec votre navigateur, l’internet mobile avec votre iphone ou votre gphone et enfin l’internet des objets. Tout d’abord il y a plus de personnes qui utilisent Internet avec un appareil mobile que de personnes qui utilisent un accès classique. Ensuite, la courbe de progression de l’internet mobile dépasse l’internet classique. C’est un fait.
Le troisième Internet, l’internet des objets, est la mise en relation quasi automatique des objets du vivant entre eux. Votre voiture qui envoie des diagnostics à un centre technique, votre frigidaire qui vous tweet son contenu… J’invente par rapport à ce qu’il a dit.
Alors tout devient cliquable. Le monde des objets est cliquable, mais il est aussi un nouveau vecteur pour la virtualisation. Joël de Rosnay montre une vidéo de l’application Sekai Camera de TonchiDot Team. Imaginez que vous preniez votre iphone, vous mettez le mode caméra, et vous filmez les Champ-Elysées. Le moteur est capable alors d’ajouter des «Air Tags» dans le flux vidéo, de telle sorte que le monde réel se retrouve enrichit par le monde virtuel. Imaginez pointer une vitrine d’un restaurant avec votre caméra, et voir apparaitre sur l’écran un tag avec une note de 1 à 5 d’appréciations données par les utilisateurs…
Cela nous amène ensuite à la Maison Intelligente. J’ai en tête à cet instant Marc Fleury, ancien CEO de JBoss, qui travaille maintenant dans ce secteur par exemple.
Internet amène ensuite de nouveaux canaux de communication. Ces nouveaux canaux entrent en conflit avec les canaux traditionnels. La communication 1 à 1 : vous à un guichet de la Poste. La communication 1 à tous : la télé ou la radio.
Internet amène de nouvelles formes qui se diffusent comme la communication de «tous vers tous» comme sur les forums, les chats ou les blogs… Et il amène aussi une communication de «tous vers un» lorsque vous lisez par exemple une page de Wikipedia écrite par plusieurs contributeurs, ou comme le site Agoravox. Ce site est constitué de 30 000 contributeurs. Avec 1.2 millions de pages vues par mois, c’est un gros média.
Les médias classiques justement sont en compétition avec les nouveaux médias. Aux journaux papiers nous opposons les Blogs. A la radio, les podcats. A la télé, les télévisions webs. Aux opérateurs téléphoniques classiques nous pouvons opposer la VoIP avec Skype, etc.
Bref il y a une nouvelle vague générée par Internet qui bouscule les médias classiques.
Alors comment monétiser finalement tout cela ?
Joel de Rosnay présente une courbe de puissance où l’on voit qu’un média comme TF1 touche 18 millions de personnes pendant 25mn au 20h, mais une vidéo sur YouTube sera peut-être vue 100 millions de fois pendant 12 mois sur YouTube. Au final c’est bien finalement ce qu’il appelle «la longue traine» qui crée la valeur, donc le revenu. Pour gagner de l’argent, est-ce que publier du contenu accessible à une masse de personne ne fait pas plus gagner d’argent que de publier ponctuellement quelque chose ?
Il parle ensuite de la dispersion de la quantité d’information. Imaginez un instant le nombre de petites vidéos sur chacun de nos ordinateurs, le nombre de photos, de vieux trucs que vous aimeriez vendre… Impossible pour vous de vendre cette valeur. Il explique alors la nécessité des Aggregateurs. Google est un agrégateur d’information. eBay est un agrégateur de biens physiques, Wikipedia est un agrégateur de connaissance, Amazon est un agrégateur de livre… Bref l’émergence et la dispersion ne fonctionne que grâce à ces agrégateurs. Ces nouveaux courtiers en valeur d’ailleurs se payent en prenant un tout petit pourcentage sur votre achat. Mais prenez eBay et ses 250 millions d’articles vendus par mois… Les petits courtiers se payent donc avec le volume, sur des flux longs (pour les exemples des vidéos).
Point suivant : l’émergence de la société de la recommandation. Aujourd’hui lorsque vous partez en vacances, le premier réflexe est de regarder la réputation de l’hôtel. Vous cherchez une petite amie sur Meetic ? Vous regardez son profil. Vous voulez acheter une voiture neuve ? encore Internet. Vous voulez changer d’entreprise ? bref la recommandation est partout.
Cependant c’est une valeur différente de l’information. Pour cette raison il explique que pour lui nous sommes dans une société de la recommandation plutôt que de l’information.
La suite des slides nous emmène vers les mondes virtuels, dont on parle moins, puis la réalité augmentée. La notion de bits vers atomes est représentée avec une imprimante 3D qui à partir d’un fichier (des bits) modélise dans de la résine une maquette (les atomes).
La personnalisation est aussi un nouveau phénomène qui est rendu possible grâce à Internet. Vous pouvez par exemple créer votre tee-shirt personnel, votre paire de chaussures Nike (voir NikeiD), votre tasse de café avec la photo de votre chien… La personnalisation est aussi un nouveau vecteur important.
Tout ceci apporte bien sûr un clash culturel. Le pouvoir bascule du côté du consommateur. Celui-ci devient aussi acteur. Prenons l’exemple du Tourisme Peer-to-Peer. Il est possible d’échanger son appartement ou de partir en week-end à Rome et de louer un appartement, sans passer par les centrales de réservation et devoir prendre un hôtel… Pensez à ce concept où vous pouvez offrir de la valeur aux autres sans passer par les grands acteur. Moi qui blogue dans mon coin, je parle à beaucoup de monde. Toi qui te lance sur MyMusic et qui vend ensuite 100 000 CD, tu te passes des Majors. Il cite ensuite un exemple que je trouve très intéressant et qui va arriver en France : le micro-crédit.
L’idée : vous avez besoin de 10 000 euros. Vous allez sur un site de micro crédit, vous donnez une garantie et hop vous avez ces 10 000 euros. Derrière, au lieu d’une banque, c’est 10 000 particuliers qui prêtent 1 euro chacun… Et qui en retour toucheront un petit quelque chose (quoiqu’avec 1 euro…).
De manière plus intelligente, j’ai entendu sur le podcast JavaPosse cet exemple d’une entreprise qui propose aux particuliers la possibilité d’accorder des crédits aux pays en voie de développement.
Bref cette révolution où une nouvelle forme de pouvoir nous est octroyée, est le découlement direct de l’émergence d’Internet.
Dans la suite de la présentation, il aborde la gestion de la publicité et de la réputation. Il explique là encore qu’il est plus intéressant de dépenser un tout petit peu mais sur des points de passage massif (comme Google) plutôt que de manière ponctuelle sur un point où certes il y a du monde, mais où l’intervention est ponctuelle : le spot de publicité à 20h30.
C’est ce qu’il présente sur un slide :
«Flux + Buzz => Bizz» pour business
Il termine par une prédiction, par sa vision sur les sujets qui devraient émerger rapidement. Tout d’abord la notion de P2P (Peer-to-Peer) appliquée à 5 secteurs : la Banque, l’Assurance, le secteur des Consultants, l’Education et l’Energie.
Pour la banque, ce sera la possibilité d’emprunter 500 EUR ou de prêter 10 EUR avec un intérêt pour ce prêt. Pour l’assurance, regardez les mutuelles. Pour l’éducation, on pense à ce site qui vous propose de faire vos devoirs. Pour l’énergie, demain j’espère pouvoir revendre via un site type eBay l’électricité produite avec mes éoliennes… Intéressant non ?
En conclusion, il termine en expliquant aussi que cela crée de nouveaux risques, un besoin d’éthique, de régulation. La vie privée et Internet, l’eReputation, nous devrons nous adapter à ce nouveau monde. Peut-être que demain quelqu’un prendra une photo de moi et me mettra dans une manifestation dans un montage vidéo… L’éthique et la sécurité devront donc aussi être présent dans le futur.
Une très bonne introduction avant la journée qui m’attend.
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