Souvenez-vous de ce sketch des Inconnus : « Le Bon Chasseur » et imaginons un instant une projection vers le monde de l’informatique… Notre journaliste est chez Durano Nuclear Industrie où Roger le reçoit dans un bureau, dans un foutoir impressionnant constitué de boîtes de pizzas, de vieux ordinateurs éventrés, d’une calculatrice TI82 posée sur le bureau en évidence, d’un clavier Dvorak et d’un poster de StarTrek datant de 79… Ambiance…
– Bonjour Roger, vous êtes développeur et inventeur du langage B, comment allez-vous ?
– KarlaBrok Qapla’ !
– Pardon ?
– C’est de l’ancien Klingon. Start Trek ! Vous connaissez pas ? Ca veut dire Bonjour.
– Ah ok, KarlaBrok alors… Dites-moi Roger, vous développez uniquement avec le langage B ?
– Uniquement sur le langage B, dit le Bouchenois. Alors le langage B ou bouchenois, c’est un langage qui est connu par Paulo, déjà, et ça va jusqu’à Maurice à porte d’Ivry, il en fait en régie chez EDF. Alors attention, le langage B c’était avant le langage C !!!
Tout y était déjà avant même votre langage, la rhumba, votre machin…
Java vous voulez dire. C’est le nom de notre langage, Java
– … merde d’interpreté…
Pardon ?
… nan je disais que vu que c’est interpreté votre machine, ca peut pas aller aussi vite que le langage B. Et va que je te fais un gros pâté de 500 lignes là où moi je fais la même chose en 30 lignes de B…. je me marre !!!! je me marre !!!
– Disons que chaque langage a son domaine d’utilisation et que votre langage B a son domaine bien à lui. Racontez-moi ce qui est arrivé à votre dernier programme ?
Bon et ben avec Momo on codait tard un soir vers 17 heures quand soudainement tout d’un coup, le Momo est parti comme un lapin sur un bug. Le programme est parti en vrille et les vannes se sont toutes ouvertes…
– … les vannes ?
– Ben les vannes du circuit des eaux de refroidissement de la centrale. C’est pas qu’on aurait des fuites de liquide radioactifs mais ces derniers temps on la joue discret si vous voyez ce que je veux dire. Heureusement mon momo c’est un BON informaticien.
-Il a corrigé le bug et il a recompilé le programme ?
– Nan, plus simple
– C’est à dire ?
– il a coupé le courant. Qui dit plus de courant, dit plus de problèmes. Pas bête le Momo hein ?
– Oui en effet, faut y penser. Parlez moi de votre point de vue sur les licences ?
– Le langage B est LE langage libre par excellence. Y’a deux types de licences, on appelle cela des licencettes dans notre jargon. La licence commerciale et la licence… non-commerciale. La première licence, c’est pour gagner de l’argent. La seconde c’est pour gagner à être connu… pour gagner encore plus d’argent ensuite. D’ailleurs votre Java là, c’est une arnaque commerciale de SUN pour vendre son matériel.
– Java est open-source depuis le 13 novembre 2006.
– Ah pardon… respect, respect… je savais pas…
– Bon et sinon parlez moi de la traque du bug en Langage B, comment trouvez-vous des bugs ?
– La chasse aux bugs en langage B, c’est avant tout une aventure humaine. On part le matin tôt vers 11h après le café-ricard du matin. Y’a bébere avec sa HP qui a développé un appat à bug. On descend chaque ligne de programme imprimé sur ces listings que vous voyez là. Des fois on voit un barkbukette ou un depassement de pile de curseur. Avec un peu de chance on peut même faire un peu de pointeurs de mémoires infectés. C’est pas la saison mais si on sait où chercher… on trouve
– Les meilleurs coins pour trouver des bugs dans votre langage ?
– AH AH AH !
– Pardon ?
– Tu me prends pour une quiche ? tu crois que je vais te donner mes meilleurs coins ? Sache que les coins à bugs se transmettent de développeur en développeur. Et SEUL les puristes ont accès à la connaissance ! nom d’une clé de 12 tu es un blanc bec toi
– Que pensent les utilisateurs de vos programmes ? Comment effectuez vous vos tests ?
– 2 Règles : le client est con car il ne sait pas ce qu’il veut et ensuite règle 2 : les utilisateurs ne peuvent pas comprendre ce que l’on fait. D’ailleurs ils ont pas besoin. Les tests c’est simple : si l’utilisateur trouve quelque chose et ben il nous appelle entre 14H et 14h30 sur la ligne d’urgence.
– Parlez moi de votre chef de projet, comment travaillez-vous ?
– Ah le con… Le chef de projet, enfin le dernier qu’on a eu c’était un gamin tout juste sorti de l’école. Le gars avait à peine 3 poils de barbe qu’il voulait déjà être chef de projet. Il a tenu 5 mois et puis il a arreté l’informatique.
– … et il fait quoi aujourd’hui ?
– Ingénieur d’affaire. Il vend des ressources à des grosses boîtes.
– Où vous voyez vous dans 1 an ?
– Oh bah avec Bebere le rêve c’est soit d’acheter la TI-83 sur eBay, soit que l’on soit enfin reconnu pour notre boulot et que l’on nous augmente. On est aussi pas mal remonté vous savez…
– Oui la lutte sociale, vos conditions de travail sont assez difficiles, tout ce foutoir…
– Nan ça c’est normal. Nous ce qu’on veut c’est des FORMATIONS et une AUGMENTATION car malgré notre 14 ème mois, nos 17 jours de RTT et ben moi je trouve qu’on se fait enfiler comme des clés à pipe. Marre de se faire EX-PLOI-TER. L’informatique est un secteur SI-NI-STRE avec notre salaire on a juste de quoi se payer l’abo à WolrdOfWarcraft.
– Je vois cela… bon et bien vous passerez le bonjour à Bébère. Il est pas là ?
– Nan le con est parti à une conférence à Reims sur le protocole RBM, mieux que TCP. Et il fait profil bas histoire que les médias l’embêtent pas, rapport à la centrale nucléaire si vous voyez ce que je veux dire. Vous me comprenez ?
– Oui, oui. D’ailleurs je pense à un mot en Klingon et j’ai envie de vous dire « …KarlaBruni… »
– Ca veut dire quoi ?
– Je vous laisse imaginer…
Il y a le bon informaticien qui essaie de faire tout ce qu’il y a d’écrit ici : http://effectize.com/become-coolest-programmer
… et il y a le bon informaticien qui ne le fait pas.
Et vous ? Que faites vous ?